Topographie de la Terreur, Berlin

Parmi les nombreux lieux de mémoire de Berlin, l’un des plus émouvants est sans doute le centre de documentation « Topographie de la Terreur » inauguré en 2010, conçu par l’architecte Ursula Wilms.

A quelques pas de la Potsdamerplatz et de la Wilhelmstrasse, juste à coté de la classique Martin Gropius, le nouveau bâtiment, tout en transparence, est situé sur l’emplacement même du complexe de commandement SS.

Là où étaient installés dès 1933 la Gestapo, avec sa prison, le Service de Sécurité (SD), l’office central de sécurité du Reich. Juste au cœur du quartier du pouvoir, près de la Chancellerie d’Hitler, en face du ministère de l’Air de Göring.

Une exposition en  plein air, logée dans les caves éventrées de l'ancien quartier général de la police nazie, évoque à present  le processus politique et le cadre historique de l'accession au pouvoir d'Hitler.

Le parcours du centre de documentation permet de mettre des noms et des visages sur ce que fut l’appareil de répression du nazisme.

De nombreuses personnes, opposants ou considérées comme déviants par les nazis, ont été emprisonnées, torturées et tuées dans ces locaux. Certains des prisonniers qui passèrent en ces lieux ont été envoyés dans les camps de concentration où ils ont le plus souvent péri. Pays par pays, on y trouve une foule de documents et de photos de tortionnaires … parfois lors de réunions, de banquets ou de moments de détente. C’est ce qui a retenu plus particulièrement mon attention parmi la masse de clichés ici réunis. Il y a aussi le visage de personnages « célèbres », souvent cités par l’écrivain Philip Kerr dans sa Trilogie berlinoise, comme Arthur Nebe.

On se surprend à y voir, parmi les hommes des funestes Einsatz Gruppen, de jeunes femmes, ou encore ce groupe de policiers de la Gestapo de Berlin coiffés de ridicules petits chapeaux, ou ces militaires posant fièrement dans la cour des Saussaies de notre ministère de l’Intérieur.

Beaucoup de visiteurs, des groupes de jeunes avec leurs professeurs, dans un grand silence … Les Allemands ne nient pas leur histoire ni comment l’Europe a basculé dans le chaos avec l’arrivée des nazis au pouvoir.