Travaillé de minuit à 8h00 du matin pour raison d'inventaire à l'entrepôt et de visite de big shot.
Était debout depuis 23h00 la veille.
Avait besoin d'urgent sommeil.
J'ai eu le temps de rentrer dans la maison que le téléphone, comme doté d'une sensor, a tout de suite sonné:
"Hunter, je sais que tu veux dormir, tu le feras tout de suite après...les ouvriers pour le mur vont passer pour solidifier la base arrière et gnagnagna..."
"Mais pourquoi tu m'appelle pour ça? Ne vont-ils pas généralement directement en arrière pour travailler comme des grands sans même nous aviser?"
"Oui généralement, mais généralement aussi Guy vient avec ses trois jeunes helper, mais ce matin aucun des trois n'étaient disponibles et j'ai dit que tu l'aiderais..."
Batarnak.
J'ai eu le temps de déjeuner que le Guy en question est venu gruger davantage sur mon manque d'énergie et taper sur une fatigue titanesque un peu plus fort. On a soulevé de la pierre, travailler des muscles que je ne me connaissais pas. J'étais si crevé vers 11h00 (oui...deux heures plus tard) que je n'avais aucun souvenir de lui avoir fait de la conversation. Peut-être n'avais-je pas du tout parlé à Guy. Quand il est parti je me souviens avoir vacillé de la galerie et envoyant la main d'un sourire forcé tandis qu'une xème goutte de sueur depuis 0h00 me coulait à la fois dans le dos, sous le bras et le long de la tempe.
En voulant me coucher, ma fille a bondi:
"papa! j'ai faim!" s'est-elle lamenté.
"Tu as 11 ans Punkee, tu es tout à fait capable de te faire à manger, qu'à tu déjeuné?"
"Des biscuits..."
"Lesquels?"
"...oreo..."
Nous ratons l'éducation alimentaire de nos enfants à 100%.
"Tu peux aussi demander à ton grand frère de t'aider à faire à manger..."
"Avec lui c'est toujours des sandwichs au beurre de peanuts et de toute façon, il dort encore."
Je me suis empressé de faire un dîner convenable à ma fille et la même chose pour mon fils sous la forme d'un déjeuner/dîner parce que l'ado, en vacances, avait décidé de se coucher bien après que j'eus punché la veille.
Plus vite tous ses obstacles seraient contournés, plus vite je serais couché.
Mais il fallait que je prenne par la main Monkee, 15 ans, pour qu'il prenne sa douche, se lave les dents, mette de l'antisudorifique, fasse le ménage de sa chambre, nourrisse ses poissons...
Puis, une fois au lit, le téléphone a sonné à nouveau. C'était Janiper Juniper, une de mes soeurs.
"J'te réveille tu? on sait jamais à quelle heure appeler avec ton horaire..."
"Je peux pas vous demander de vous ajuster à mon horaire de freak, ne changez pas vos habitudes pour moi" ai-je dit.
"Heille! j'pense qu'on a oublié un fil de Ipod la dernière fois qu'on est venus chez vous"
Après une trop longue conversation, je me replace sur le dos. Le sommeil veut m'investir le corps.
DRRRRRRRING!!!
Janiper Juniper again.
"Laisse faire le frère, cherche le plus y était dans le coffre à gant de l'auto!"
"Que...quoi?"
J'avais temporairement, peut-être pendant une minute, perdu contact avec la réalité, couché sur le dos et sur le coup je croyais qu'elle me demandais de cesser de chercher à trouver le sommeil car c'est tout ce que je cherchais de toute façon.
J'ai eu le temps de me recoucher que cette fois c'est la porte qui a sonné. À ma porte, un grand flanc mou avec des boutons plein le visage et des cheveux trop longs qui ne lui allaient pas du tout.
"Stu fais-là?" je lui ai demandé.
"Monkee es-tu là?"
Est arrivé dans mon dos mon fils.
"Oui papa, scuze, j'ai invité mes amis c'tu correct?"
(...)
"C'tu correct? on fera pas de bruits, tu pourras dormir"
"Tu me demandes ça alors que ton ami est là devant moi? je suis supposé dire quoi dans ton scénario écrit d'avance"
"Que t'es le papa le plus cool au monde..."
Et comme c'est vrai, 6 de ses amis sont passés pour me garder réveillé encore un peu avant de tous se blottir dans la chambre de Monkee pour y jouer un méga tournoi de FIFA sur la XBox et hurler comme seuls les adolescents mâle savent le faire quand ils doivent tenir le silence alors qu'un papa voudrait dormir deux pièces plus loin.
J'ai alors essayé le sous-sol. Mon corps s'est traîné jusqu'en bas.
"Tu vas tu dormir sur le divan, papa?" m'a dit Punkee de l'ordinateur à trois pieds du divan.
"Oui mais je suis si fatigué, tu pourras rester à l'ordi sans faire de bruits, je vais dormir quand même" lui ai-je dis.
Faux. Le téléphone a resonné. Un contrat de trad. Noté. Reçu le document. Je té un oeil sur l'ensemble à traduire. Soumis une évaluation. Un deadline potentiel Une heure trente plus tard je me recouchais sur le dos.
Pas de dodo, le téléphone resonnait.
"Merci, ça entre dans le budget on accepte les échéances et votre prix M.Jones!"
That's it shuttehfuckupIwannaSLEEP!
Avant de fermer l'oeil ne serais-ce qu'une seule fois, je fais 6 visites à la porte de ma maison pour les parents des amis de mon fils qui viennent les rechercher tout en faisant du small talk entre parents complices. Je me suis impressionné pour un gars vidé.
Le dernier à partir colle. Il fait niaiser sa mère dans la porte. Il veut voir la fin du match de soccer en direct à la télé. Sa mère est 100% soumise. Je vois presque la laisse qui la relie à son ado. Le malaise dure facilement 30 minutes. Sa mère sera en retard pour un autre rendez-vous.
Quand il quitte finalement vers 16h00, j'avise mon fils que si il me manque de respect comme ça un jour, je le tue et on discute après.
Je m'étends enfin en paix à 16h19. M'endors dans la milliseconde. Me réveille quand le bruit d'une gratte mécanique broie mon entrée de bitume.
"C'était quoi?" dis-je sursautant du divan.
"Toi qui ronflais" me dit ma fille.
Je retombe dans le coma profond. Ma fille me réveille.
"C'est maman au téléphone, elle veut qu'on fête ce soir et que tu ailles chercher du McGros pour tout le monde, elle a très faim, elle voudrait partir pour le condo avant 17h00" (je vais les rejoindre demain).
On rate l'éducation alimentaire de nos enfants à 120%.
Je prends la voiture, quitte, reviens à la maison parce qu'oublié mon portefeuille, vais prendre la commande chez McGros, reviens à la maison, ils se sont trompés, retourne chez McGros, suis suivi par une moto beaucoup trop près, il monte jusqu'à ma fenêtre, je baisse ma vitre:
"JE VAIS T'ARRACHER LES YEUX PIS LES FENDRE EN SANG AVANT DE LES DONNER À MANGER À MES ENFANTS!"
Est-ce que je rêve? on me parle?
"COUPER LE MONDE DE MÊME ÇA MÉRITE DE SE FAIRE IMMOLER AU VOLANT OSTIE D'INNOCENT DU CHRIST!"
La radio de ma voiture me dicte le ton de ma journée.
"...Sometimes you feel, you're up against the world..."
Il est con. On ne se fait pas "immoler" on "s'immole" tout seul. Mais bravo pour l'utilisation d'un verbe rare dans un moment d'émotion idiot.
Je fuis cet enfoiré et le sème mais j'ai passé le McGrosman depuis longtemps. Je reviens sur mes pas, fait reprendre la commande, revient à la maison devant trois estomacs qui n'en peuvent plus et un chat qui ne se soucie aussi que de son envie de manger égoistement.
"Vous auriez au moins pu nourrir le chat" dis-je avant de perdre connaissance.
Vaincu par le monde.
J'avais dormi 19 minutes.
Où était Sancho pour m'avertir que c'était des moulins à vents et que pour s'y tromper, il fallait en avoir d'autres dans la tête?