Bistrot Bellet, initiales BB

Publié le 02 juillet 2014 par Les Assiettes De Juliette @AssiettesdeJu

BB comme BoBo, BB comme Bien Boire, BB comme Bonne Bouffe…on aurait pu continuer la litanie un bon moment si on ne voulait pas lasser le lecteur et si on ne comptait pas sur votre imagination débordante pour continuer dans le calembour milieu de gamme… Vous l’aurez compris, BB, c’est notre CC (coup de cœur) du moment. Un délicieux mélange de quartier qui monte (Château rouge), de déco intelligemment pétillante (merci les carreaux vernissés façon Emery), de service délicieusement impertinent et d’assiettes aux accents d’Estrosi et d’Eric Ciotti, qui elles, promettent sans décevoir.

Oui, ça sent la Provence, mais sans les nappes Soleiado, la cigale en poterie vernissée au mur du pavillon et les costumes de gardian. Ça serait plutôt le charme discret de Cucuron twisté d’un balcon filant marseillais. Et puis, pour y aller, la ligne 4 permet d’éviter la nationale 7. Enfin, ajoutez à ceci qu’on peut encore y dîner le samedi soir en ayant réservé seulement le matin, ce qui est contrairement aux idées reçues, pour un restaurant parisien un critère de qualité…on en profite, et vite.

Chez Bellet, ils ont tout compris (et on se demande pourquoi d’autres n’y ont pas pensé avant) : le menu, c’est entrée, plat et dessert à partager, idéal pour les belettes soucieuses de leur tour de taille un mois avant le maillot comme pour les auditeurs cholestero-vigilants de Michel Cymes. Et pour ça, on dit bravo. La carte resserrée se parcourt en sirotant un anisé artisanal ou une absinthe qui s’écoule, c’est du dernier chic, de sa fontaine givrée dans un mélodieux goutte à goutte. D’ailleurs, on aurait bien continué la perf’ si une part de pissaladière n’était pas venue nous distraire de la fée verte… Downside du diamant vert, on est moins attentif au serveur qui, monté sur sa soap box imaginaire, fait l’article de chaque plat avec plus de conviction qu’un bateleur moderne. Et ça fonctionne.

L’artichaut Camus épuisé (nous étions bien sûr révoltés), nous nous sommes rabattus sur les tartines d’anchois frais (top) et la salade niçoise. Le nom un peu simpliste ne rend pas justice (mais y a-t-il vraiment une justice à Nice ?) au formidable assemblage de poivrades, fenouil, fèves fraîches, tomates de jardin et croutons délicieusement assaisonnés d’huile d’olive fruitée. Le format duxelle est plutôt inattendu, mais bienvenu. Ça croque, ça fond, c’est une très belle entrée matière idéalement légère.

Pour garder l’accent et se donner un avant-goût de vacances, on a choisi le plat phare de la maison : la Bouille Bellet, (tiens, encore un BB), en fait une bouillabaisse classique parfaitement exécutée. Tout y est : les poissons de roche, la rouille et le bouillon clair. C’était si bon qu’après trois bouchées on a levé les mains pour faire « Ainsi fait FonFon » en s’imaginant un instant au vallon des Auffes de retour de Sormiou. De l’autre côté de la table, ça se jouait plus terre à terre avec un pigeonneau au sang façon règlement de compte à Monaco, le tout rougi de canons de Chinon à température pour un crime de sang froid. On y a sans doute laissé des empreintes.

Et comme prévu par le visionnaire Bellet, arrivés au dessert, on était un peu pleins comme des loutres. On a tout de même rendu un demi honneur à deux cuillères à la dacquoise aux framboises, regrettant un court instant de ne pas avoir également pris le clafoutis aux noyaux. Ah les femmes, jamais contentes …

Où : 84 Rue du Faubourg Saint-Denis, 75010 Paris, +33 1 45 23 42 06

Quand : avant le grand départ pour le Sud, un samedi soir

Avec qui : un BB brune, BB King, une baby doll et Bernard Blier

A vos pieds : des espadrilles, à la limite des Havainas en corde (ça existe ?)

Dans votre ipod: Initials B.B. What else ?