Quand je dis que les anglais sont formidables, ça inclus ces messieurs bien sur, mais aussi les anglaises! Alors soyons sérieux 5 minutes, c’est mon côté prof. Aujourd’hui est une date anniversaire importante pour tous les féministes (femmes et hommes) anglais. Le 2 juillet 1918, the representation of people act accorde le droit de vote aux femmes de plus de 30 ans et le qualification of women act, un mois plus tard, leur donne le droit d’être députée. En 1928, elles obtiennent les mêmes droits que les hommes et peuvent voter et être élues à 21 ans, comme eux.
Les débats parlementaires avaient commencé en 1870, à l’instigation de Millicent Fauwcett et de son National Union of Women Suffrage Societies. Mais ces messieurs les députés étaient un peu lents. Pour ne pas dire franchement inefficaces! Pendant 15 ans il y aura même un débat annuel au parlement sur la question du droit de vote des femmes, sans que la législation ne bouge d’un iota. Ça fait plaisir de voir que finalement, le parlement a fait des progrès, ils arrivent à voter des lois sur une seule session maintenant!
En 1903, Emily Pankhurst en a marre d’attendre, on peut la comprendre. Elle crée le Women Social and Political Union, avec comme devise: des actes, pas des mots! (Deeds, no Words). Comme on n’est jamais mieux servit que par soi-même, elle commence par enrôler ses filles. Mais son mouvement devient très vite populaire, j’imagine bien que les débats annuels qui ne mènent à rien commencer à taper sur les nerfs de pas mal de gens. Certains députés (hommes donc) s’impatientaient aussi et auraient bien voulu passer à autre chose. C’est pas qu’on s’ennuie, mais on a une guerre mondiale à préparer!
Avec Emily, finies les gentilles conférences, elle commence une sorte de guérilla, en envahissant le parlement en octobre 1908, en organisant des manifestations avec débordements garantis… On ne rigole plus! Les arrestations se multiplient. Qu’à cela ne tienne, les suffragettes entament des grèves de la faim en prison. Le public s’émeut. L’agitation culmine en juin 1913, lorsqu’une suffragette, Emily Wilding Davidson, arrêtée 8 fois pour troubles à l’ordre public et jet de pierres, se suicide en se jetant sous le cheval du roi à l’Epsom Derby.
Il a quand même fallut attendre que les soldats aient pratiquement fini de s’étriper joyeusement dans les riantes tranchées, pour que les députés anglais se décident. En 1918, 24% des anglaises avaient un emploi, en dehors du foyer. Et surtout, elles avaient l’avantage d’être vivantes, et donc de pouvoir se déplacer pour aller voter, alors que la population masculine avait été décimée. Pour un député, c’est important, d’avoir un corps électoral en état de marche. Mais ça n’enlève rien au courage et à la détermination des suffragettes.
Pour plus de renseignements voir : le site du parlement. Les photos viennent de Wikipedia.