Citoyen ! Pas mal de bruit dans la blogosphère ces temps-ci. Ca se chamaille, ça s’effiloche. De Cannes à Seesmic. Ca se rencontre et ça se rabiboche. Bien. Une toute petite réflexion du soir, déconstruite, désolé par avance.
Le bruit, c’est quoi ? Un désagrément, un trop plein. Selon la CCIP :
“Le bruit est une vibration de l’air qui se propage. Il peut devenir gênant lorsque, en raison de sa nature, de sa fréquence ou de son intensité, il est de nature à causer des troubles excessifs aux personnes, des dangers, à nuire à la santé ou à porter atteinte à l’environnement.”
Il faudrait donc un cornet pour entendre sans être abasourdi. Classer, trier. Suivre les bonnes personnes sur Twitter. S’entourer car à plusieurs on fait le tri. Entre le tapageur, le scandaleux, le vilipendé et l’utile. D’ailleurs selon cette définition, le bruit gênant ne serait qu’un comportement déviant d’une vibration d’air..
Déboussolant.
Peut-on bosser en écoutant de la musique ? Oui, si c’est “du bruit qui pense“, nous disait déjà Victor Hugo. C’est quoi un bruit qui pense ? C’est un bruit qui parle avec un sujet, un verbe, un complément, qui sait se rendre intelligible à nos cerveaux. Alors dans l’immensité des notes de musique, de ce brouhaha organisé par un chef d’orchestre (l’éditorialisation du contenu sur le web ?), on entendrait des phrases….
Quelques mots de Pisani (dont j’attends avec impatience de recevoir le livre…) qui comme moi semble vagabonder dans ses pensées ce soir :
“Les journalistes se shootent au bruit, nous rappelle Scoble… dans les cocktails pour les traditionalistes, sur les sites de “conversations” pour les plus branchés.
“L’actu est dans le bruit. C’est pour ça que Twitter est irremplaçable pour les journalistes. Il n’y a pas de meilleur endroit pour trouver le bruit… pardon, l’actu.””
Minuit, citoyen. Pas un bruit dans l’immeuble. L’heure de lire un peu de poésie relative à ce b…t :
LES DJINNS
Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.Dans la plaine
Naît un bruit.
C’est l’haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu’une flamme
Toujours suit.La voix plus haute
Semble un grelot.
D’un nain qui saute
C’est le galop.
Il fuit, s’élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d’un flot.La rumeur approche,
L’écho la redit.
C’est comme la cloche
D’un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s’écroule
Et tantôt grandit.Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!… - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l’escalier profond!
Déjà s’éteint ma lampe,
Et l’ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu’au plafond.C’est l’essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l’espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.Ils sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu’une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.Cris de l’enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L’horrible essaim, poussé par l’aquilon,
Sans doute, Ô ciel ! s’abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l’on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu’il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!Prophète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J’irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d’étincelles,
Et qu’en vain l’ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !Ils sont passés! - Leur cohorte
S’envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L’air est plein d’un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !De leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l’on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d’une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d’un vieux toit.D’étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s’élève,
Et l’enfant qui rêve
Fait des rêves d’or.Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu’on ne voit pas.Ce bruit vague
Qui s’endort,
C’est la vague
Sur le bord;
C’est la plainte
Presque éteinte
D’une sainte
Pour un mort.On doute
La nuit…
J’écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L’espace
Efface
Le bruit.Victor Hugo (1802-1885), Les Orientales (1829)
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 13 mars à 13:42
mortel surtout les seins,j'aurais voulus les laicher