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Exclamation, le poème de Suji Park

Publié le 02 juillet 2014 par Jebeurrematartine @jbmtleblog

Il y a trois mois déjà, nous vous faisions découvrir le travail délicieusement onirique de Suji Park. Elle revient cette fois-ci pour nous présenter une nouvelle série composée de six clichés, Exclamation, basée sur le poème « Voyelles » de Rimbaud.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu: voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes:

Voyelles © Suji Park Photography

© Suji Park Photography


Dans un monde de brume, de sang et d’ombre, Suji laisse naviguer des petits bateaux de papier sous des rayons étincelants et gesticuler des insectes, pareils à des morsures fraîches sur les carnations de porcelaine.

A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

A © Suji Park Photography

© Suji Park Photography


Bien qu’inspiré du poème, l’ensemble des photographies qu’elle nous propose n’a rien d’une simple illustration ; la jeune femme ne cherche pas à mettre les mots en image, mais plutôt à concrétiser ce qu’elle en retire : des sons, des odeurs, des sensations. Le cadrage découpe les corps en bribes de membres, les personnages n’ont pas visage, les miroirs pas de reflets – tous nos repères s’en retrouvent troublés.

Golfes d’ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles;

E © Suji Park Photography

© Suji Park Photography


Tantôt inquiétant, tantôt duveteux, l’univers de Exclamation est en parfaite adéquation avec l’esthétique contrastée aux teintes pâles qui caractérise l’œuvre de la photographe.

I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes;

I © Suji Park Photography

© Suji Park Photography


Complètement mise en scène, cohérente stylistiquement comme symboliquement, cette série très aboutie témoigne d’un long travail de réflexion personnelle.

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux;

U © Suji Park Photography

© Suji Park Photography


Si ces prises réussissent à nous donner des frissons, c’est qu’elles n’ont pas vocation à être belles ; elles ont vocation à être vécues.

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des [Mondes et des Anges]:
—O l’Oméga, rayon violet de [Ses] Yeux!

© Suji Park Photography

© Suji Park Photography

Suji Park Photography :
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Classé dans:Photographie Tagged: exclamation, photograhie, rimbaud, suji, suji park, Suji Park Photography, voyelles

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