J’en suis venue à bout! Sans m’ennuyer un seul instant. L’Histoire des Américains, de Daniel Boorstin, dont je vous parlais en décembre dernier.
« Ici, entre l’Atlantique et le Pacifique, au nord du Rio Grande, c’est le règne de la liberté et de l’individualisme, le triomphe de l’égalité des chances et de la mobilité sociale, la création de la richesse illimitée. » Voilà ce que l’auteur, un des plus importants historiens des États-Unis, cherche à illustrer dans ce pavé de 1620 pages de petits caractères. Rébarbatif? Pas le moins du monde. Ça se lit comme un roman.
De l’arrivée des premiers colons à l’ère spatiale, des bourgades de la côte est aux mégapoles de la côte ouest, on visite cette contrée immense, mais surtout son peuple, ce voisin à la fois admirable et détestable. Le livre se divise en trois parties distinctes, soit celle de L’Aventure coloniale, avant la guerre d’indépendance, La naissance d’une nation, de la guerre d’indépendance à la guerre de Sécession et enfin L’expérience démocratique, de la guerre de Sécession à l’époque moderne, soit vers 1975, date de publication originale de l’œuvre. Dans chacune, Boorstin propose une lecture de l’évolution de la société américaine, ses réalisations et ses dérives, illustrée par de nombreux exemples extrêmement documentés. Démonstrations époustouflantes de culture! Et tellement éclairantes!
Ainsi, on comprend mieux la nature de ce peuple fondé par le puritanisme d’une poignée de Pèlerins fuyant les persécutions, mais cherchant aussi à se déprendre et à se défendre de l’ordre social des vieux pays, de la hiérarchie aristocratique. On saisit comment différents éléments de leur histoire – l’affrontement avec les peuples autochtones qu’ils repoussent pour occuper le territoire, l’obligation de se doter d’institutions religieuses, politiques, juridiques et administratives pour se gouverner, la conquête de l’Ouest, l’esclavage, les vagues d’immigration du 19e siècle, le développement industriel et technologique, leur participation aux grandes guerres – ont façonné cette nation à la fois pratiquante et guerrière, ingénieuse et industrieuse, chaleureuse et individualiste, simple et suffisante, voire prétentieuse, dotée d’un fabuleux sens de l’organisation et de la diffusion. Une nation à la fois méprisée et admirée. Et quoiqu’on en pense, incontournable.
Daniel Boortin a étudié à Harvard et à Oxford, a enseigné à Harvard, puis aux universités de Chicago, Rome, Kyoto, de Cambridge et à la Sorbonne. Il fut longtemps directeur de la prestigieuse bibliothèque du Congrès des États-Unis.
Daniel, Boorstin, Histoire des Américains, Robert Laffont, 1981 pour la version française, 1620 pages.