Je pourrais commencer cet article par cette petite phrase qui symbolise plutôt bien la situation que vit en ce moment l’AC Milan : « Le roi est mort ! Vive le Roi ! ». Cette phrase tiré de l’Histoire prend toute son importance dans cette situation ambigüe. Non, l’intérêt de cette phrase n’est pas de constater la mort du « roi » et de s’en réjouir… Cette phrase signifie même tout le contraire, on salue le roi mort dans le but d’acclamer son successeur, célébrer la continuité de l’institution royale. C’est en quelque sorte le but de cet article, mais je m’égare là…
UN RETOUR RISQUE
C’est le lundi 2 Août 2013 que l’AC Milan officialise le retour de Kaka dans le club de son cœur, le club qui l’a elevé sur les toits de l’Europe et étant récompensé par la plus haute distinction pour un footballeur individuel : le Ballon d’Or en 2007. C’est ensuite un long chemin d’agonie dans le grand Real Madrid pour un transfert retentissant de 65 millions d’euros, transfert qu’il ne pourra finalement jamais digéré en Espagne. Durant ses 4 années au Real, Ricky n’aura jamais pu trouver la continuité entre blessures, condition physique insuffisante et concurrence très accrue. Un club comme la Maison Blanche ne laisse aucune place à ces faiblesses. Il ne faudra finalement pas longtemps pour que Milan se mette à rêver d’un retour de l’enfant prodige mais son salaire mirobolant et une indemnité de transfert encore trop élevée (pour que le Real garde la face) ont sans cesse repoussé l’échéance.
C’est ainsi que Galliani, fort de ses relations amicales avec Perez, officialise le retour de Kaka à moindres frais et avec un salaire divisé par 3 (tout de même 4 millions net par an…) pour tenter de faire rêver des tifosi agacés de voir Honda bloqué en Russie, Ljajic s’envoler à Rome et Tevez finir à la Juventus. Galliani joue donc la carte du cœur pour se mettre les tifosi dans la poche ce qu’il réussira avec succès.
Néanmoins Kaka arrive avec une confiance moindre, une condition physique mystérieuse et beaucoup de fantasmes.
UNE SAISON DE COUPS D’ECLATS
Et rapidement, cette saison va sembler prendre un tournant dramatique. A peine le championnat démarré, Ricky est annoncé indisponible sur une durée d’un à deux mois… Coup dur sportivement ! Mais là, le brésilien nous montre tout son amour pour le club et annonce qu’il ne souhaite pas être payé durant la période de sa convalescence. Un grand geste qui est à la fois salué mais qui ne surprend pas tant que ça les tifosi tant l’homme est connu pour son amour du maillot et du football.
L’histoire sera même encore plus belle lorsqu’il fait son retour avec le maillot du Diavolo, puis son retour dans l’antre de San Siro. C’est ici qu’il montrera qu’il n’a rien perdu de sa splendeur et que ses gestes de fuoriclasse n’ont toujours pas disparu. Des frappes en lucarne, quelques accélérations dévastatrices et une conduite de balle lêchée : même les plus sceptiques s’en prennent même à rêver à nouveau. Cette année marquera le 300e match de Ricky sous nos couleurs, mais également le 100e but du brésilien toujours sous notre maillot en janvier 2014 face à l’Atalanta.
Il convient de tempérer quand mêmes ses grandes émotions qu’il aura pu nous donner durant ces 12 derniers mois. Si Kaka n’a certainement pas été le moins bon d’un club à la dérive, il n’en a pas été le capitaine tant espéré. Bénéficiant du 2e salaire le plus elevé du club, il n’a été que beaucoup trop irrégulier pour convaincre la totalité de la famille rossonera. Son coût annuel comparé à son apport fait réfléchir tout le monde car avec un âge avançant, une accélération finalement plus aussi flamboyante, il était inconcevable de voir Kaka faire la différence à chaque rencontre pour sauver un Milan moribond. Pire, il est même souvent invisible ou à contre-temps car ses coéquipiers ne peuvent s’élever à son niveau technique. Il apparaît donc en décalage, aussi bien dans les finances du club que sur le terrain lorsque la saison se termine avec une piteuse 8e place.
UN DEPART TROP ANNONCE
C’est d’ailleurs cette 8e place qui va engranger les différents mécanismes pour provoquer le départ du brésilien. En effet, lors de la signature du contrat à l’été 2013, une clause fut insérée pour permettre à Kaka de quitter le club de façon unilatérale – j’insiste bien sur ce point – en cas de non-qualification pour la prochaine Ligue des Champions. Ce droit unilatéral pouvait être exercé jusqu’au 30 juin 2014, soit hier…
Les rumeurs liant Kaka à la MLS (championnat américain) ne datent pas d’hier mais cela semblait surtout provenir de critiques dûes à l’irrégularité de ses prestations. Finalement l’envie était bien présente de quitter l’Italie et surtout le niveau européen, peut-être devenu trop exigent quotidiennement pour lui. Des rumeurs le liant au Brésil furent aussi régulièrement évoquées.
Au final, toutes ses rumeurs se sont finalement concrétisées d’une seule et même voix : Kaka file dans la nouvelle franchise Orlando City ! Mais voilà… Orlando City ne commence sa saison qu’à partir de Janvier du fait de son statut de nouvelle franchise et donc Kaka se retrouve avec 6 mois sans rien faire. C’est ici que le feuilleton commence sous fond de négociations entre le club de Sao Paulo et le club américain sur ces fameux 6 mois d’attente. Une histoire de gros sous où Milan est totalement impuissant… La seule déclaration de Galliani aura quand même eu le mérite de motiver les autres parties en déclarant que si Kaka ne partait pas en juin, il ne partait pas du tout (et donc que la franchise américaine voyait son joueur lui filer sous le nez). Tout s’est alors accélérer dans ces derniers jours pour que les clubs trouvent un accord et que Milan libère Kaka du fait de cette clause.
AUX HERITIERS DE JOUER
J’en reviens à ma phrase de départ donc : « Le roi est mort ! Vive le roi ! » car c’est de cela dont il s’agit à Casa Milan. Les dirigeants étaient finalement bloqués par un salaire beaucoup trop important dans une saison à venir sans les revenus de la Ligue des Champions et Kaka empêchait, sans le vouloir, toute possibilité de mercato pour Milan. C’est pourquoi les seules opérations entérinées jusque là étaient minimes : Menez et Alex arrivés sans indemnités, le jeu des copropriétés réglées en récupérant Saponara mais en se séparant de Paloschi. Kaka règne dans nos coeurs mais aussi sur le budget de l’AC Milan…
Le salaire de Kaka n’étant plus un poids dans ce Milan, c’est donc 8 millions par an qui viennent de se libérer dans les finances du club et cela permet au Diavolo de chercher une nouvelle perle à façonner dans une saison sans Ligue des Champions. La cible se nomme Iturbe, jeune joueur du Hellas Verona, ailier rapide et dribbleur qui viendrait compléter une jeune ligne offensive prometteuse. L’indemnité de transfret serait elevée mais le salaire du jeune argentin serait bien moins lourd, Milan s’oriente enfin dans une vision à long terme avec des dépenses d’investissements plus que des dépenses salariales. De plus, Inzaghi semble se tourner vers une équipe en 4-3-3 et les dirigeants vont (enfin) suivre l’idée du Mister. D’une certaine manière ce ne serait donc pas une recrue (Iturbe ou autre si l’affaire capote) mais deux car le retour d’un El Shaarawy en pleine forme sur son côté gauche serait une réelle plus-value dans une équipe où il a terriblement manqué la saison dernière aux côtés de son idôle.
Ce n’est donc pas un héritier, mais deux jeunes joueurs qui prendront le contrôle de l’animation offensive du Milan AC pour la saison prochaine. Et je nous souhaite à tous de voir un vent de fraicheur sur les pelouses de Serie A pour montrer que Milan est un club qui sait aussi faire confiance aux jeunes et lancer, définitivement, un nouveau cycle.
C’est pour cela que nous te diront : Ciao Ricky, tu seras toujours dans nos cœurs. Forza Ricky, Forza Milan ! Ricardo Kaka c’est 303 matchs, 104 buts et 55 passes décisives sous notre maillot. Encore une fois, merci !