L’immobilier en France, c’est tout un poème. La pierre est, dans ce pays, un véritable concentré de passions diverses, parfaitement illustré dans le proverbial « Quand le bâtiment va, tout va », qui fait que lorsque le bâtiment, justement, ne va pas, les crispations font vite place à des empoignades vigoureuses, ce qui, en politique, se traduit par des agitations frénétiques généralement assez contre-productives.
C’est assez logique, du reste, tant l’habitation principale constitue en réalité la façon la plus utilisée pour épargner de l’argent pour ses vieux jours. D’autant que fiscalement, les politiciens ayant compris la nature chatouilleuse de l’électeur à ce sujet, le secteur immobilier fait toujours l’objet d’attentions particulières : on tabasse de taxes tout en dosant précisément pour éviter la révolte.
Cependant, à mesure que le maquis fiscal s’est fait plus dense autour de l’immobilier, que les décrets, lois et règlements se sont faits plus complexes à tous les niveaux administratifs (de la commune à l’Etat), les gouvernants se sont trouvés confrontés à des phénomènes d’ampleur croissante. En clair, les prix de l’immobilier français sont maintenant dangereusement élevés.
Constatant cela, les politiciens se sont donc empressés de mettre en place des mesures afin de calmer ce qui peut s’apparenter à une grosse bulle, et tout faire en sorte qu’elle se résorbe sagement et … Ah non, en fait, ils ont lâché Duflot au milieu du parc immobilier, armée d’un jerrican, d’une allumette et de 8000 tonnes de kérosène. Logiquement, quelques mois plus tard, l’offre de logements vient à manquer cruellement.
La construction marque maintenant clairement le pas, et oblige tous les acteurs du secteur à regarder l’objectif (risible) de 500.000 logements annuels de très très bas. Le gouvernement s’est acharné à pondre une grande loi sur le logement alors qu’il est intellectuellement à la rue. Fatalement, ça ne pouvait pas donner grand chose de bien. À force, le marché est bloqué avec d’un côté les acheteurs qui attendent, et de l’autre, les vendeurs qui hésitent à baisser leurs prix.
Pourtant, sans la myriade d’interventions maladroites des gouvernements passés et présent, nul doute que des situations actuellement rocambolesques trouveraient une résolution simple ou rapide (ou les deux).
En effet, une bonne partie du prix élevé des logements provient des contraintes légales qui pèsent sur la construction ou l’entretien de l’immobilier. À ces contraintes s’ajoutent celles des plans d’urbanisme, qui permettent de créer des zones habitables (ou non) sur simple volonté du maire. Enfin, les récentes (mais nombreuses) incitations (voire obligations) gouvernementales à prendre les transports en commun, au détriment des axes routiers, ont favorisé l’émergence d’un immobilier à proximité des gares, en nombre inévitablement limité, ce qui concentre l’habitat et le rend mécaniquement plus cher, les gens ne voulant pas être trop loin de leur lieu de travail. Très concrètement, cela se traduit d’ailleurs par des temps de trajets importants, une fatigue plus grande, et des coûts tant collectifs dans les transports en commun qu’indivuels dans les voitures.
Autrement dit, l’État a massivement investi, s’est lourdement endetté, a énormément subventionné, favorisé et dépensé l’argent des autres pour faire grimper et maintenir haut des prix immobiliers que ces mêmes contribuables ont maintenant du mal à atteindre avec leurs salaires qui s’amenuisent, impôts et taxes obligent. Bref, grâce à l’État et nos petits amis du gouvernement, c’est un foirage total.
Mais il n’y a aucun doute : il existe une vraie demande solide pour plus de logements, ou des logements plus adaptés, plus proches, ou tout simplement moins chers que ceux qui sont actuellement sur le marché.
Au point que certain(e)s prennent d’office des lieux inoccupés, s’installent et squattent sans vergogne. Ce qui provoque quelques problèmes lorsqu’il faut ensuite les expulser.
Cependant, là où un particulier aura bien du mal à virer un gentil (forcément gentil) squatter de chez lui, lorsque le propriétaire est un gros syndicat comme l’Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP), cela va plus vite et la justice perd moins de temps.
Et lorsque les squatters sont les Femens, cela nous prend une tournure particulièrement croustillante, notamment lorsqu’on apprend que depuis leur installation sauvage début novembre, les péronnelles ont grillé pour 7400€ d’électricité, soit plus de 900 euros d’énergie par mois.
Manifestement, nos féministes ne sont pas trop éco-conscientes et je pense qu’il serait de bon ton, histoire de les sensibiliser un peu à la cause réchauffiste, de leur envoyer une facture-carbone un peu salée. Il faut qu’elles comprennent une bonne fois pour toutes qu’on ne peut plus lutter contre le patriarcat machiste aliénateur sans tenir compte de Gaïa, notre mère nourricière à tous, et faire en conséquence de beaux efforts écologiques. Voilà qui, en plus, ravira Duflot, doublement impliquée puisqu’autant dans le logement que profondément dans Gaïa.
Pour faire bonne mesure devant cette terrible expulsion qui met à ce point en exergue le besoin de logement des Parisiens, les Femens ont déjà réfléchi à une paire de solutions. La première consisterait à violer leur propre cohérence en réclamant le droit d’asile d’une église, lieu où les militantes se sont déjà illustrées autrement que par leur respect et leur ouverture d’esprit. On imagine aussi la joie, le calme et la pondération qui accueillerait la réquisition d’une église par les forces de l’ordre si jamais elles devaient se reloger ainsi.
À cette solution aussi provocatrice qu’impraticable, elles ajoutent la possibilité d’aller squatter chez Anne Hidalgo. Enfin, bien malheureusement, non pas directement chez elle, ce qui mettrait certainement du piquant dans une vie qu’on imagine fort bien rangée, mais plutôt dans les locaux de la Mairie de Paris dont elle a la responsabilité. Après tout, comme le fait remarquer Inna Shevchenko, cheftaine de la phalange française des Femen,
« La maire Anne Hidalgo nous avait déjà démontré son soutien quand nos locaux avaient brûlés en juillet 2013. On lui lance un appel, peut-être qu’elle nous entendra… »
Ceci me semble une excellente idée : qu’un groupuscule d’hystériques exhibitionnistes anti-cléricales compulsives soient officiellement hébergées par la Maire de Paris, en son sein, voilà qui donne enfin une excellente publicité aux subventions des associations auxquelles abonde largement cette Mairie et dont on peut être sûr que les contribuables apprécieront la saine gestion.
Et puis, quel bonheur de savoir que les Parisiens ont enfin un exemple concret de ce que la Mairie peut faire pour les reloger, tous ! Elle avait déjà prouvé qu’elle savait prendre soin de ses élus en les plaçant dans de commodes HLM. Elle montre ici qu’elle peut aller plus loin encore.
On le voit : l’immobilier, en France, c’est vraiment tout un poème, complexe, aux multiples branchements et aux subtilités infinies que de nombreux législateurs et d’abondants politiciens se sont ingéniés à construire pour aider leurs ouailles, c’est à la fois un problème bigrement étatique et des solutions sympathiquement interventionnistes.
Décidément, c’est fou ce qu’on peut faire avec l’argent des autres !
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