Il peut être intéressant d’examiner comment le savoir scientifique officiel se répand dans le grand public qui n’en retient que l’essentiel en le caricaturant souvent, ce qui nous permet une sorte de grossissement de ses failles et limites. Ainsi, avons-nous relevé lors d’un débat sur futura-science quant à l’origine de la matière et le statut du photon:
Ceci dit si mes souvenirs sont bons la lumière est un rayonnement électromagnétique compris dans une bande de fréquence déterminée, et la matière non. Par contre on peut dire que tout est énergie.
-Comme vous le dites, la lumière c'est de l'énergie....le photon est de l'énergie pure, et celui-ci peut donner naissance à une paire de particule-antiparticule (et vice-versa)...Si j'ai bien compris, toute particule est issue d'une perte d'énergie du photon...on peut donc dire que la matière est de la lumière "ralentie".
-La lumière est une forme que prend "l'énergie", la matière est aussi une forme que prend l'énergie.
Maintenant définir exactement l'énergie je pense que personne ne saura "vraiment" le faire.
-Maintenant il doit être possible de créer de la matière en "condensant" de la lumière, mais ce n'est pas la seule manière à mon avis...
-Eh bien puisque à l'origine de l'univers il y avait sans cesse formation de matière-anti-matière (avec un léger avantage pour la matière) à partir d'une soupe de photons eux-mêmes issus du vide quantique, on peut donc dire qu'à l'origine de toute particule de matière (fermions), il y a le photon, donc que la matière est de la lumière sous une autre forme (ralentie, condensée, je ne sais pas quel est le terme approprié...)
COMMENTAIRES
Cette discussion est très « éclairante » à plus d’un titre. Elle nous montre dans quelle difficulté se trouve le « quidam » qui veut comprendre quelque chose aux fondements de la physique. Elle a pour origine deux lacunes que nous avons ici dénoncées à savoir la nature « substantielle » du photon et l’indécision sur la notion d’énergie. Le photon est assimilé à l’origine par Einstein à un grain d’énergie, lequel peut se muer en matière. Mais l’énergie, on ne sait pas trop ce que c’est. On doit alors imaginer une « substance » abstraite qui peut se transformer en matière solide et palpable. Or, ce qui sous-tend l’incompréhension que nous décelons dans cette discussion, c’est cette mutation d’un objet sans substance ni poids qu’est l’énergie, à un corps matériel.
C’est qu’en effet, l’énergie en tant que telle n’existe pas, ou plus exactement, il s’agit de la quantité de mouvement que possède un corps. Pour qu’une telle mutation soit possible, il faudrait que le photon ait une réalité physique comme objet, qu’il soit constitué d’une substance « réelle » pour engendrer une matière pesante. Mais cette substance devrait avoir des propriétés différentes de la matière, ce qui suppose de découvrir "l'autre" de la matière mais qui lui soit également proche pour justifier la "transsubstantiation" d'une chose en une autre chose.
Il y a maintenant plus d’un siècle que la physique subsiste avec la définition einsteinienne du photon et le grand public éclairé ne comprend toujours pas qu’il puisse y avoir un corps sans masse pouvant agir et réagir, être dévié par un corps et autres propriétés tout en étant considéré abstraitement comme un grain d’énergie. Qui plus est, on nous dit que toute la matière est issue d’une « soupe de photons » dont ne sait même pas l’origine si ce n’est du vide quantique. Pour se tranquilliser, on affirmera que ce vide est un plein d’énergie et la boucle sera bouclée, la physique se refermant sur ses dogmes protégeant notre jeunesse inexperte. Mais le grand public ne comprend pas comment on peut extraire du vide quelque chose comme de la matière….Il s'agirait alors de définir la nature de ce vide quantique, c'est à dire de comprendre les propriétés de ce qui compose la "substance de l'espace".