Votre cœur cet été battra-t-il la chamade? (le roman date de 1965)
Dix ans après sa mort, Françoise Sagan (1935-2004) fait son grand retour dans l'actualité, un prix littéraire qui porte son nom a même été créé en 2010. Auparavant, en 2008, était parue aux éditions Denoël sa biographie Sagan à toute allure par l'excellente Marie-Dominique Lelièvre. En ce qui me concerne, je recherche depuis plusieurs semaines l'origine de cette citation attribuée à l'auteur de Dans un mois, dans un an : « On ne sait jamais ce que le passé nous réserve».
Des recherches sur Internet m'ont fait penser qu'elle pouvait se trouver dans Les faux-fuyants (1991), l'une des meilleures œuvres des dernières années de l'écrivain, je vous en conseille la lecture pour cet été. En réalité, j'ai trouvé dans ce roman cette réflexion : « Je me demande ce que le passé nous réserve... », page 224 de l'édition « Julliard », mise dans la bouche d'un des personnages, Diane.
Je me suis rendu sur le site officiel consacré à Françoise Sagan. La citation : « On ne sait jamais ce que le passé nous réserve » y figurait parmi de nombreuses autres mais sans référence à une œuvre précise. J'ai envoyé un e-mail au webmaster du site pour lui demander où je pourrais retrouver l'origine de cette phrase. C'est Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan, et son ayant-droit, qui m'a répondu en personne. Il m'a expliqué que la citation extraite des faux-fuyants était une reprise, bien des années après, de celle que je recherchais. Selon lui, la phrase d'origine pourrait se trouver dans une pièce de théâtre, soit La robe mauve de Valentine (1963), soit Bonheur, Impair et Passe (1964). J'ai d'abord lu la première de ces deux pièces mais la citation n'y figurait pas, puis la deuxième, comme le livre était épuisé, j'ai dû le commander via PriceMinister. Là non plus la phrase n'était pas citée.
J'ai continué mes recherches et j'ai trouvé, d'une part, un lien qui m'a permis de déduire que "ma" citation était inscrite dans la pièce Un piano dans l'herbe (1970) à l'ambiance très post-soixante-huitarde. Mais nouvel échec! J'ai donc décidé de lire d'autres pièces de théâtre de Françoise Sagan : Les violons parfois (1960), Le cheval évanoui et L'écharde (l'une et l'autre de 1966). Mais Bonjour tristesse, toujours rien! Il me reste à lire Château en Suède (1959).
D'autre part, il s'avère qu'un auteur belge, Arnold Couchard, a intitulé un livre qu'il a publié en 2009 : « On ne sait pas ce que le passé nous réserve », j'ai pris contact avec lui. Il m'a précisé qu'il ignorait si ce titre provenait de Françoise Sagan, lui-même l'aurait choisi sans aucune idée de référence à l'univers de l'écrivain.
En conclusion je dirais que la phrase : « On ne sait jamais ce que le passé nous réserve » me paraît être une déformation de la citation originale : « Je me demande ce que le passé nous réserve » écrite par Françoise Sagan dans Les faux-fuyants, C.Q.F.D., d'ailleurs tous ceux qui citent cette phrase tronquée ne disent jamais dans quelle œuvre elle figurerait, ce qui est l'un des travers d'Internet... sauf sur ce site mais il n'y a pas celle qui retient mon attention depuis des semaines.
©M. Fr.