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WHV en Australie : la réalité

Publié le 01 juillet 2014 par Bali2412 @Bali_Airways

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Mon expérience en Australie n’a pas toujours été rose. Loin s’en faut. J’ai longtemps pensé à rédiger un article sur une sensation bizarre que j’ai partagé avec mes parents, ma soeurs et quelques amis, et qui m’a souvent donné envier de gerber : l’impression d’avoir ce statut que l’on donne aux roms et aux arabes en France… Aujourd’hui, je me rends compte que je ne suis pas seul. Je vous fais donc part d’un billet sur lequel je suis tombé aujourd’hui. J’aurais pas mieux dit.

Alors certes, pas de van (et a fortiori pas de picking) pour moi, mais travailler dans le trou du cul de l’Australie (Broken Hill, Tibooburra, vous connaissiez pas ? Rassurez-vous, c’est normal.) ou se pointer tous les jours à l’ouverture de l’agence de recrutement, je l’ai vécu…

Tout d’abord, je tiens à préciser que je fais ici des généralités. Je parlerai donc d’une tendance qui, à mon sens est centrale. Bien entendu qu’il existera toujours des exceptions, et aussi nombreuses soient-elles, ce n’est pas de celles-ci donc je discuterai ici. J’aimerais donc ne pas avoir à lire des « oui mais c’est pas vrai parce que moi… . » ou bien des « Faux parce que mon cousin y… . ». Merci bien :D

Voilà maintenant un brin plus de 4 mois que je suis en Australie.

J’y sus partie parce que je rentrais de mon Working Holiday Visa Canadien, et que ce retour en France était pour moi tellement bourré de mélancolie, que je m’étais jurée de repartir aussi vite que possible.

L’Australie, pourquoi ? Parce que tout l’monde disait que c’était sympa, que le visa était rapide à obtenir (une nuit, effectivement), et que l’idée de vivre 3 étés consécutifs, c’était plutôt alléchant j’avouerais. Puis Australie, pays anglophone, et donc une possibilité pour moi d’améliorer encore mon anglais, qui était déjà pas trop pire du fait de mon année Vancoverite.

Et puis, la Nouvelle-Zélande me tentait davantage… Mais parfois, dans la vie, faut faire des compromis.

Donc, Australie.

Quand on voit des reportages sur les jeunes français expatriés en Australie à la télé depuis ces dernières années (et bien que la France redoute la fuite de ses ressources vers d’autres puissances économiques), la voix off nous explique souvent que partir, même si c’est dur de quitter papa maman, la Citroën, les copains, ou de résilier son abonnement SFR, en général, arrivé là-bas (ici en l’occurrence), c’est le succès. Faut y’aller !

On trouve du travail facile, pour une paye souvent double par rapport à un SMIC français, et ce pour des petits boulots de serveuse ou femme de ménage. Les loyers sont pas excessifs comme à Paris ou à Londres, la bouffe est pas terrible, et puis y’a des requins dans l’eau et des grosses araignées, mais ça va ! Presque personne ne meurt ! Puis y’a les plages, les surfers, l’anglais qui est censé s’améliorer, et les gens parlent facilement et sont souriants pour rien.

Oui, les gens sourient et parlent ici. Si bien que, alors que tous les autres trucs que j’ai énoncé s’avèrent souvent biaisés, eh bien on reste ici, et on continue d’arriver, nous les expatriés. Parce que, comme dirait un réfugié bosniaque en France : « on préfère être pauvres ici qu’être chez nous, parce que chez nous, c’est encore plus la merde. »

Alors bon, je dis ça, mais dès l’instant où j’ai commencé à chercher du taf arrivée à Melbourne, j’ai pour ainsi dire trouvé en quelques jours. Après quelques refus et autres claquasses inévitables (je fais une petite astérisque pour vous renvoyer, chers lecteurs, à mon article à propos de l’expérience du Latte raté), j’avais repéré un nouveau resto sur une rue près de chez moi ; un resto qui n’avait pas d’enseigne, mais une citation d’Optimus Prime (Transformers), disant « Freedom is the right of all sentient beings. », signifiant que la liberté est le droit de tous les êtres « dotés de sensations », littéralement. Pour un resto végétarien donc. Et je trouvais ça super classe. J’y ai donc postulé, et y ai été recrutée sans discussions aucunes 2 jours après. Payée 17 dollars de l’heure, au black, à raison de minimum 25h de taf par semaine, abreuvée gratuitement, nourrie moitié prix. Localisation : près de la plage, en face du Lunapark, sur une petite rue très passante, remplie de magasins de skate, de glaciers et de restos en tous genres.

Autant vous dire que j’étais ravie ! Et puis le menu… Mon dieu quel régal les amis ! On croit avoir le monopole de la gastronomie en France ? Bah voyager nous apprend à fermer notre condescendant clapet.

BREF ! Toujours est-il que ça ne fut pas si simple pour tous les français, européens, et autres expatriés rencontrés de dégoter un boulot, et encore plus un boulot aussi sympa que le mien…

De fait, il m’a semblé, aux vues des personnes rencontrées, des discours entendus et de mes observations objectives au possible, qu’il était quasiment impossible de trouver un travail dans sa branche (d’autant plus si le niveau d’anglais est pas glorieux, NORMAL me direz-vous!), et malgré tout difficile de trouver un simple petit boulot.

J’ai donc fait Melbourne pendant 3 mois, puis 2 semaines de route pour traverser l’Australie de part en part (de la droite vers la gauche, ou de l’est vers l’ouest pour les géographes), et puis un peu plus d’une semaine à Perth, et plus précisément à Fremantle, dans une baraque de rêve entourée de voyageurs aux vécus tous plus extraordinaires les uns que les autres ; et maintenant, là de suite, je suis avec L. en quête d’un boulot sur Margaret River, LA région où l’on trouve majoritairement du « Fruit Picking », c’est-à-dire connement des jobs de ramasseurs/cueilleurs de fruits.

Et, arrivée de ce côté-ci du pays, où l’on m’avait juré mordicus que trouver du travail était bien plus simple que de l’autre côté, et que les salaires étaient bien plus élevés, je me rends compte là aussi, qu’une idéalisation de la chose a eue lieu. L’herbe est toujours plus verte à côté, c’est bien connu.

Et donc, depuis mon arrivée dans la région, je croise des gens, par dizaines, souvent des couples, mais pas que, qui me racontent avoir déposé des CV dans plusieurs restos, magasins et autres, dans plusieurs ville sur leur chemin, pour trouver n’importe quel type de boulot, en vain.

Beaucoup de gens sont à court d’argent (tout du moins sur leur compte Australien, et parfois même ils ont déjà dû ponctionner la presque totalité de leur compte en Europe), et seraient prêts à tout pour gagner quelques cinquantaines de dollars. La plupart vivent en van, et en arrivent même à éviter de se déplacer avec celui-ci pour ne pas user l’essence.

Ici, à Margaret River, les gens viennent alors pour cueillir des fruits. D’une parce qu’on leur a dit que tu chopais ces tafs facilement, de deux parce qu’on leur a dit que c’était bien payé, et de trois parce que ce type de boulot permet de remplir leur quota de jours permettant de valider une seconde année de visa en Australie.

Alors, tout l’monde veut ces boulots de picking ici. Et puis de toute façon, quand tu parles pas bien anglais, c’est pour ainsi dire un des seuls trucs que tu puisses faire. Et y’a tellement de gens j’dirais presque désespérés, qu’ils sont prêts à beaucoup pour obtenir ces boulots.

Ma compagnonne de voyage et moi-même avons alors voulu expérimenter le « beaucoup » en question. Un peu pour voir, par curiosité, et beaucoup aussi parce qu’on arrive bientôt à cours d’argent ici c’est vrai (mais on l’a bien voulu aussi, et je reprendrai un peu plus loin cette question de « pauvreté librement consentie »).

Le « beaucoup en question », c’est ce qu’on a fait ce matin, et hier matin aussi. Je raconte :

à Margaret River, pour recruter des « pickers » (les gens qui ramassent les fruits), il existe des agences d’intérim spécifiques. Mais, quand vous vous y pointez en journée pour demander du taf, on vous répond que c’est complètement complet, ou que la saison de ramassage n’a pas encore commencée ou est sur le point de se terminer. Mais on vous propose malgré tout de vous inscrire sur une liste d’attente (nom, prénom, numéro de téléphone et sexe), et l’on vous dit que l’on vous appellera si besoins il y a. La première fois, je me suis exclamée contente car nous n’étions que les 6 et 7èmes sur la liste ! L’employée de l’agence a bien ri, et m’a montré la pile de feuilles constituant la liste d’attente : « Ce sont tous les inscrits d’aujourd’hui… ». Là, tu te dis « OK, va PEUT-ETRE falloir trouver une alternative. »

MAIS, alors, on te donne un piston : « Si vous vous pointez le matin à l’agence, vers 4h du mat’, au moment où les équipes de travailleurs se rejoignent pour aller tafer, si certains ne se pointent pas ou qu’on a besoin de plus de gens que prévus, ALORS vous aurez peut-être une chance d’être pris ! ».

« Chouette ! » se dit-on ! On tentera le truc le lendemain matin.

Le lendemain matin : le van garé sur un parking de supermarché en ville (là où on a, comme pas mal d’autres jeunes comme nous, passée la nuit), levées, décidées, et parées de notre attirail anti-soleil, nous voilà parties en direction de l’agence qui n’est pas très loin. Arrivée devant l’agence, 4h10 du matin…

… Il y a déjà une huitaine de personnes devant nous. « Wow, ok, les gens sont tous au courant du truc. Bref, on va faire la queue. »

Une demi-heure plus tard, alors que le jour commence à se lever, le responsable des équipes arrive, nous dit bonjour du bout des lèvres, et rentre dans l’agence. Soudain, tous les gens assis devant se lèvent et viennent se coller à la porte vitrée, sans sembler respecter le moins du monde l’ordre d’arrivée de chacun. On croirait une scène de The Walking Dead, sauf qu’on a juste 1 œil, un bras ou une mâchoire inférieure en trop et pas assez de sang coagulé collé sur la face.

Au bout d’un moment, on nous fait rentrer, et là c’est une sorte de petite baston tacite, à celui qui attrapera le stylo le plus vite pour inscrire son nom le plus haut possible sur la feuille (feuille aussi appelée « extra-list »). L. s’inscrit, m’inscrit, et puis on nous demande de nous ranger sur le côté et d’attendre.

Entre temps, grandes gueules et amusées de vivre cette expérience, L. et moi rions comme des bossues, on dit des conneries, et on sympathise avec les quelques autres couples et groupes venus tenter la même que nous. Pendant ce temps, 3 ou 4 extra-lists sont remplies. Autant vous dire que ceux qui sont à la fin s’inscrivent en désespoir de cause, mais avec peu de conviction.

Puis, vers je dirais 5h et quart du mat’, là, le responsable des équipes arrive, et appelle les 4 premiers de la liste ! Il y aura visiblement besoin de renfort ce matin, il y a plus de vignes à dépouiller que prévu. Et puis 2 ou 3 recrutés ne se pointent pas, alors on pioche encore dans les extra-lists, et les 6 personnes devant nous partent travailler.

Dix minutes après, le gars revient et nous balance brièvement « c’est tout pour aujourd’hui les gens. ‘Pouvez réessayer demain, on est susceptibles d’avoir besoin de plus de monde… »

Et là, bah quelques douzaines de personnes ressortent de l’agence, les mains dans les poches et des poches sous les yeux, bredouilles.

Ceux qui auront eu la chance d’être « sélectionnés » ce matin travailleront 2h, 4 ou 5 tout au plus, et gagneront en moyenne 40$ la journée (environ 27€), ce qui leur servira à rembourser le sécateur, la veste fluo et les gants qu’ils auront dû acheter à leurs frais. Et bien entendu, c’est à peu près sûr qu’ils ne seront presque pas rappelés, car faut faire un roulement, parce qu’y’en a d’autres qui attendent de travailler à côté.

On a tenté le truc 2 matins d’affilé. Ce matin, un seul mec de l’extra-list a été pris, un gars qui était venu avec ses 3 potes de voyage. Il a foncé, pour aller tafer c’te journée, et être capable de payer leur prochain plein d’essence.

Hier, on a rencontré un couple à cours d’argent, d’idées et de motiv’. Ils ont, disent-ils essayé de travailler dans tous les trucs possibles, et rien. Désespérés, ils songent à rentrer.

Et ce sont pas les seuls qu’on rencontre comme ça ici. Problème de niveau d’anglais, de motivation, ou d’aura et de bonnes ondes ? Je ne saurais dire, étant donné que jusqu’à présent, je me suis toujours débrouillée à me dégoter des trucs d’une façon où d’une autre, sans pour autant avoir à revisiter mes valeurs et mon éthique.

Toujours est-il qu’ici, c’est la merde pour beaucoup d’européens, en tout cas bien plus que ce qu’on nous le fait croire avant que l’on pose un pied sur le sol Australien.

Parce que la vérité, c’est aussi qu’on nous incite à venir ici. Parce que notre venue est bénéfique pour le pays. Les sous qu’on file pour obtenir le Visa permettent de financer les études des étudiants australiens. Et puis, tous ces boulots là, de fruitpicking, ou d’employé de resto dans des endroits reculés où personne ne veut vivre, eh ben, les Autraliens, normal, ils en veulent pas. Et ce même si c’est souvent fort, fort bien payé. Être plongeur dans un restaurant de ville minière isolée de tout, ça peut rapporter plus de 20 dollars de l’heure, et le prix double pour les heures sup’. Et les heures sup’, crois-moi, vous en faites un max, parce que personne ne veut travailler dans ces trucs là. Donc du taf, y’en a à revendre. Mais faut vouloir sacrifier plages, vie sociale, heures de sommeil et connexion internet.

Et puis… Y’a cette réputation du français… Français voyageur qui plus est. Faut avoir de sacrées

bonnes vibes pour réussir à convaincre les gens de votre bonne foi quand vous débarquez avec votre accent frenchy en Australie. Y’a tellement de débiles qui font les cons ici, que j’vous assure, on préfère dire qu’on est belge ou québécois !

Alors… Si vous êtes français, que votre anglais est pas bon, et que le picking ou l’exile, ça vous dit pas… Y’a une autre solution. Mais pour ça, faut être une fille.

Depuis que j’suis en Australie, j’ai croisé pas mal de p’tites minettes de mon âge ou souvent plus jeunes, normales, avec un background correct, des études ou expé pro au compteur, somme toute des filles comme moi, comme vous, comme les amies que j’aurais en France. Sauf que ces filles, arrivant à court d’argent, de patiente, et d’idées pour se frayer une place dans le monde du travail australien, elles ont trouvé une autre alternative : leur corps. Je parle pas de tapin (quoi que les concernées ne doivent pas en parler), je parle de jobs de masseuses avec « happy endings » en extra, de danseuses à demi-nues, ou de serveuses avec vêtements et soutif en option.

Des filles comme ça, depuis que je suis ici, j’en croise de plus en plus. Et, alors que j’aurais pensé, à leur contact, me dire « Putain ! Abusé ! », bah là, à la place, j’me dis « Merde. D’une, ça pourrait être moi. Et de deux, j’comprends quoi. J’comprends complètement. »

Bon, qu’on soit d’accord, mes limites s’arrêtent ici. Je préfère mille fois aller jouer de la guitare comme un manche (lolilol) assise dans la rue, qu’aller montrer mes seins (dont je suis pourtant fort fière, mais c’est pas la question :D). Mais, chacun ses possibilités, chacun ses limites, chacun son éthique. Je ne veux ABSOLUMENT pas juger, et encore moins maintenant que j’ai côtoyé un peu le besoin. Tant que ça porte pas atteinte à quelqu’un d’autre qu’à soi-même, j’estime qu’on a parfaitement le droit de faire ce que l’on décide de son propre corps.

Enfin, autre cas de figure : la petite italienne de 20 ans avec qui je discutais ce matin. « Je travaille dur à cueillir du raisin » me disait-elle. « Comme ça, j’obtiens ma validation de second visa, mais je la garde au chaud. Je rentre en Italie à la fin de l’année, je fais mes études, et quand il s’agira de trouver du travail, je reviendrai ici, jouir de ma seconde année de visa obtenue plus tôt !  C’est que les salaires ici, c’est autre chose qu’en Italie… En ce moment, en Italie, t’es payé entre 5 et 7€ de l’heure pour des boulots normaux… Contre près de 15€ minimum pour n’importe quoi ici si tu te débrouilles bien! Je préfère mille fois être serveuse en Australie, qu’en vaine recherche d’un taf dans mon pays… ». Et ça, visiblement, c’est le sort de pas mal d’européens ici…

Mais du coup, DU COUP ! Qu’est-ce que je relativise ce qui se passe sous mes yeux depuis des années dans mon propre pays  qu’est la France! Ma vision des choses change TELLEMENT !

Là, depuis quelques temps, je me dis :

Je comprends mieux les roumains, qui volent du cuivre (wtf) pour le revendre, vivent en caravane et volent dans les magasins. Je comprends mieux la haine des reubeus qui trouvent pas de taf rien qu’à cause de la consonance de leur nom d’famille. Et je comprends presque les petites nana d’Europe de l’est, qui se retrouvent sur le trottoir à l’âge où elles seraient censées aller au lycée et chanter du Myley Cyrus en bavant sur les One Direction. Je dis pas que c’est comparable, ou que je cautionne cet état de fait. Je dis que de ce que je vois ici, à ce qu’on voit en France depuis pas mal d’années, il n’y a finalement qu’un pas. Et je parviens désormais à cerner comment ce pas peut être franchi.

Alors la question qui me turlupine, à l’issue de tout ça, c’est quand même : Est-ce qu’on jouerait pas un peu les faux pauvres nous ici ? J’veux dire, est-ce que l’Australie, ce serait pas le pays de l’aventure, et de la mise à l’épreuve de nos propres limites, en terme de confort, de gestion de l’argent, de supportabilité professionnelle ou physique ou que sais-je encore ?… Est-ce qu’on jouerait pas, du moins nous, français, aux « faux pauvres », pour se sentir un peu vivre parce qu’en France on s’fait chier, dans un pays où on nous paye à nous toucher ?

Prenez moi. Depuis 1 mois bientôt, je vis (comme pas mal d’autres gens, ici les vans pullulent!) en van ou à squatter chez des connaissances, à manger les saucisses les moins chères du rayon viande de Coles ou bien le pain au rabais parce que bientôt périmé, ou à me doucher aux douches publiques avant qu’elles ne ferment en me lavant le corps avec le même shampoing que j’use pour mes cheveux (si si, j’vous assure, pour moi, c’est une étape!). Mais c’est aussi parce que je le veux bien. J’veux dire, j’ai un back-up, en France, un peu d’argent de côté (merci papa), que je ne veux surtout pas toucher, pour essayer de m’en sortir ici avec les sous gagnés ici aussi. Et c’est pareil pour L., qui m’accompagne. Mais ça nous intéresse, d’essayer de vivre avec le stricte minimum. J’veux dire ça va, on a quand même une maison roulante, qui nous emmène où on veut, avec petite cuisine intégrée et de quoi recharger nos smartphones respectifs ! Ça nous apprend à essayer de se contenter du stricte minimum, et à revisiter la valeur des choses que l’on croyait être indispensables à notre survie.

Mais sommes nous bien tous dans cette situation de « fausse roumanisation » ?…

…Ou bien est-ce que tout ce que je vois là depuis que j’suis arrivée, ce serait pas les prémisses d’une situation réellement sérieuse et merdique en France ? Est-ce que y’aurait pas un tel mal-être chez nous, peut-être encore plus moral qu’économique d’ailleurs, que l’on préférerait venir galérer ici que patauger chez soi ? Parce qu’on tente de s’accrocher aux moindres bouts de planches qui sont encore là à flotter… Sauf qu’à force de tous s’accrocher aux mêmes planches de bois… Bah on risque de finir par les faire couler. Eh oué, là y’aura pas de Jack pour nous laisser la place sur la porte flottante pour éviter l’eau glacée ! Ou alors Jack, ce sera les locaux du pays que l’on tentera d’investir…

…Espérons que l’eau ne devienne pas si froide… Et qu’on saura construire des radeaux avec toutes ces planches. Mais est-ce qu’on saura construire des radeaux tout en pataugeant ? Grande question.

Sur ces magnifiques métaphores métaphoriques, je quitte la bibliothèque de Margaret River, et m’en vais rejoindre L. pour manger des noodles et des prunes à l’arrière du super méga van que nous ont prêté M. et X. pour 2 belles semaines. Et vive l’humanité !

Source : http://www.ouaismachinettout.com/les-europeens-ces-roumains-de-loceanie-596


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