Dans la vague des nombreux livres que j'ai pu lire dernièrement sur la relation qu'entretient l'auteur du roman en question avec son père - je pense entre autres Xavier Demoulins ou Alex Taylor- Pascal Bruckner, un des intellectuels français qu'on voit le plus dans les médias ( presque autant que son son grand ami Alain Fienkelkrauft avec lequel il écrivit en 1977 Le Nouveau Désordre amoureux et à qui il dédie quelques pages dans ce livre), avec son dernier livre en date un peu ironiquement intitulée UN bon fils, et contrairement aux autres, joue plutot sur la corde non pas "Mon père ce héros", mais plutôt " Mon père, ce tyran".
Même si je ne partage pas toutes ses idées et convictions, Pascal Bruckner fait assurément partie de ces intellectuels brillants qu'on ne se lasse pas d'écouter très attentivement et les rares écrits, romans souvent proches du conte philosophique et méatphysiques (notamment le si brillant "Lune de Fiel", adapté par Polanki dans les années 90) ou essais littéraires ardus, que j'ai lu de lui, m'avaient souvent convaincu .
Toutefois, je ne m'attendais pas à autant aimer ce "bon fils", ce livre oh combien autobiographique dans lequel Pascal Bruckner nous livre à coeur ouvert sa si difficile histoire familiale. Plutôt qu'un règlement de comptes posthume qui aurait mis mal à l'aise, l'auteur raconte avec visiblement la plus grande objectivité et sincérité ce père antisémite et violent, fanatique de l'idéologie nazie.
Bref ce "bon fils "nous prend au dépourvu : le lecteur s'attend à découvrir le portrait d'un père aimant et aimé, et on se retrouve avec la description brut de décoffrage d'un homme tyrannique et antisémite qui revendiquait à qui voulait l'entendre sa haine des juifs, mais aussi des noirs et des magrhebins. Un type pas plus sympathique avec ses proches, qui a humilié physiquement et moralement sa femme pendant 50 ans et qui n'a jamais porté le moindre geste ( et dit le moindre mot) d'amour à son fils, qui malgré cela ne l'a jamais totalement detesté.
Une oeuvre personnelle bouleversante et unique en son genre, parfaitement découpée en 3 parties distinctes : l'enfance de Bruckner avec ce père si abject, sa volonté d'émancipation pendant plus de 40 ans loin de ce paternel, puis face à la vieillesse et la perte d'autonomie de cet homme devenu veuf, la démarche de l'auteur de revenir vers lui et s'occuper de lui ,bien qu'il ne fut pas plus reconnaissant qu'avant.
J'ai particulièrement apprécié le détachement et la distance qui font la force de ce livre, on s'attend à un cri de haine, et on a une version qui n'élude éluder pas les passages difficiles et les phrases pas évidente à écrire , mais en même temps plutot sereine et très intelligement creusée de cette relation.
Un excellent livre qui prouve une nouvelle fois, et de si édifiante façon, à quel point le rapport à nos parents peut autant influer sur nos comportements et nos choix d'adultes.