Télécoms: l’Europe marque le pas

Publié le 30 juin 2014 par Pnordey @latelier

Même si le marché des télécoms connaît une croissance régulière, des disparités régionales subsistent. Le marché européen subit pour sa part un léger repli. La Chine aussi.

Dans son DigiWorld Yearbook, l’IDATE a donné les chiffres clés du secteur des télécoms et préconise un changement de modèle économique pour les opérateurs télécoms menacés par les fournisseurs de services OTT. En 2013, les revenus générés par les services Internet en mode OTT s’élevaient à 221,3 milliards d’euros dans le monde et devraient atteindre un taux de croissance annuelle de 16% d’ici 2018. En comparaison, les télécoms continuent de générer des revenus élevés à hauteur de 1 186 milliards d’euros en 2013 mais ne connaîtront qu’une croissance annuelle de 2,5% tirée par la Chine (+8,5%) et le marché nord-américain (+2,7%). Tendance inverse en revanche pour les opérateurs européens qui enregistrent un recul de 4,3% de leurs revenus en 2013. L’écart se creuse surtout sur le segment mobile et le très haut débit. Les Etats-Unis souhaitant rattraper le retard de leur réseau 3G médiocre dans les années 2000, ont entamé le virage de la 4G de manière plus efficace en offrant des offres data et LTE (Long Term Evolution, norme de téléphonie mobile) plus riches.

Un marché des télécoms disparate

Didier Pouillot, Directeur du Département Stratégie Télécom à l’IDATE, explique que l’écart de croissance entre les marchés européens et nord-américains (principalement aux Etats-Unis) est non seulement dû aux usages différents mais également au contexte concurrentiel plus fort. En effet, aux Etats-Unis, il y a "une appétence pour les nouveaux services et les Américains ont l’habitude de payer pour la télévision, le câble, la Vidéo à la demande (VOD)..."Les deux opérateurs Verizon et AT&T concentrent à eux deux 64% du réseau mobile donc ils disposent d’un poids en terme de clientèle qui est plus conséquent par rapport aux opérateurs européens qui sont plus morcelés. Malgré la progression la plus forte, “la Chine, qui comptabilise environ 1,3 milliard de clients mobiles, connaît un rythme de croissance plus faible au profit de nouveaux marchés émergents dont la croissance est plus dynamique, tels que le Vietnam, les Philippines ou encore la zone de l’Afrique sub-saharienne.

La suprématie de l’Internet haut débit et du mobile

Globalement, le taux de croissance annuel des revenus liés à Internet et à la transmission de données atteint 4%, ce qui démontre la montée des services Internet et OTT au dépend de la téléphonie fixe. Celle-ci continue de décliner avec une baisse envisageable de 15% entre 2013 et 2018, tandis que les services OTT affichent une croissance allant de 15 à 20% en fonction des continents. Les applications offertes par les acteurs de l’OTT viennent directement concurrencer celles des opérateurs et il n’est pas exclu que dans 5 ou 10 ans, les deux parties se positionnent sur le même marché, même si leur modèle économique restent différents, explique Didier Pouillot. Le haut débit continuera sa progression pour atteindre un chiffre d’affaires de 400 milliards d’euros en 2017. Cette progression s’explique par les offres groupées des opérateurs, c’est-à-dire la vente de box comprenant un abonnement Internet, téléphonie fixe et mobile. Les clients mobiles continueront de progresser et pourraient même dépasser le chiffre clé de 8 milliards fin 2018, c’est-à-dire une croissance de 21% en cinq ans.