L’absence de lien entre les traitements de l’infertilité utilisés pour la stimulation ovarienne et les cancers de la femme, du sein, de l’ovaire et de l’utérus, est confirmée avec cette longue étude de 30 ans, menée à l’Université de l’Illinois et présentée à la Réunion annuelle de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE). Des résultats qui se veulent rassurants, même si l’usage des gonadotrophines pour la stimulation ovarienne – en particulier dans la FIV - qui a considérablement augmenté depuis les années 80 est moins largement prise en compte dans l’étude.
Le contexte est complexe. Les auteurs expliquent que les médicaments de la fertilité sont connus pour augmenter les niveaux d’hormones estradiol et progestérone, impliquées dans la pathogenèse du cancer du sein, de l’ovaire et de l’utérus. Les résultats des précédentes études sont contrastés, certains présentant des augmentations du risque, d’autres une diminution, et d’autres ne révélant aucune association. Sans doute en raison de durées de suivi trop limitées.
Or ici, avec une durée de suivi de 30 ans, c’est à une insuffisance de preuves sur les effets de l’utilisation d’hormones de fertilité conventionnelles pour la stimulation ovarienne sur le risque à long terme de cancer du sein et gynécologiques, qu’aboutit l’étude. Menée sur 12.193 femmes traitées pour infertilité entre 1965 et 1988 dont 9.892 femmes suivies jusqu’en 2010, l’analyse révèle,
Un diagnostic en 30 ans de 749 cancers du sein, 119 de l’utérus et 85 de l’ovaire chez les 9892 participantes,
- Les gonadotrophines, plus couramment utilisées pour la stimulation ovarienne, n’apparaissent pas associées à un risque accru, sauf dans un sous-groupe de femmes restées stériles à l’issue du traitement.
- Seule l’utilisation prolongée du citrate de clomifène, un antiœstrogène, ressort associé à un risque plus élevé de cancer du sein chez les femmes l’ayant utilisé durant 12 cycles ou plus. Dans ce cas son utilisation est associée à un risque accru de 69% de cancer du sein invasif, inchangé après prise en compte des facteurs de confusion possibles.
- En revanche, même sur de nombreux cycles, le médicament n’est pas significativement associé avec une augmentation de risque des autres cancers (utérus ou ovaire).
Des résultats rassurants avec 2 réserves cependant,
- liées au pic d’incidence plus récent de la plupart de ces cancers
- et à l’augmentation ces dernières années de la proportion de patientes recevant des gonadotrophines dans la FIV (et qui ne représentait que 10% des participantes de cette étude).
Source: ESHRE Long-term relationship of ovulation-stimulating drugs to breast and gynecologic cancers
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