Quatre albums, par tranches d'âge croissantes.
On va le suivre durant ses vacances à la plage, dans des doubles pages orchestrées selon le principe des contraires: mer-terre, hiver-été, sobre-fantaisiste, etc... Bien sûr, chaque nouvelle image présente des détails souvent rigolos à repérer: la barque qui penche sous le poids de Romi, le requin qui passe dans la mer, le vent qui décoiffe le palmier, la tenue de plage d'hiver, le maillot rayé multicolore pour l'été, la sobriété d'un caleçon blanc, la fantaisie d'un maillot à poissons, lunettes rondes, chapeau à pois et bouée canard....
Romi est en orange fluo!
Ce que refuse mon scanner...
Les pages se suivent allégrement, piochant dans les notions toutes simples ou davantage complexes, parfois par analogie d'idées comme dans la double présentant la pêche et le badminton, avec bien entendu les pointes d'humour qu'on connaissait déjà des précédents albums de Janik Coat. Romi nous séduit à tous les coups, jusqu'à ce que l'ultime image le montre sur le quai d'une gare, avec chapeau et valises, car c'est la "rentrée". "Romi à la plage" est vraiment un super album pour les tout-petits.
Nao sait ce qu'elle veut.
Ce n'est pas parce que Nao est la plus petite du groupe de gamins qu'elle va accepter d'être écartée des projets de camping au bord de la rivière. Non, elle veut y aller et elle ira, encouragée par Tomoko, la voisine plus âgée qui anime le groupe d'enfants.Evidemment, ce ne sera pas simple tout le temps. Les grands n'arrêtent pas de lui rappeler qu'elle est petite. Mais elle, fière dans sa salopette jaune, couleur dominante de ce moyen format bien épais, ne se laisse pas faire. Elle mord sur sa chique et avance. Porte les gamelles de riz tellement lourdes, marche avec les autres, apprend les rudiments du camping. Ecoute les histoires qui font peur. Tremble à l'idée d'aller faire pipi toute seule dehors la nuit.
Pipi de nuit. (c) L'école des loisirs.
Qu'elle est humaine, cette petite qui aime grandir et savoure les joies d'une nuit passée entre amis hors de la maison. Quel plaidoyer pour le camping et les bonheurs simples. L'album né en 1984 au Japon (première traduction française en 1986) est toujours aussi réjouissant maintenant qu'hier. Quelle joie de le retrouver et de pouvoir le présenter aux enfants d'aujourd'hui.
Il se compose d'une succession de vingt tableaux brièvement légendés ou non, en rapport avec l'été. Les leçons de l'été précédent, plus précisément. Ils mettent chaque fois en scène deux garçons qui jouent ensemble, un grand et un petit, ainsi qu'une ou plusieurs ou énormément de corneilles noires.
Magnifiques, les doubles pages se succèdent, intrigantes, énigmatiques, détournant le quotidien, questionnant les habitudes. On voit pourquoi il ne faut jamais laisser de chaussette rouge sur la corde à linge, ne jamais manger la dernière olive de la soirée, ne jamais marcher sur un escargot... Les conséquences sont terribles mais imposent de les regarder avidement. Après toutes ces mises en garde illustrées et légendées, Shaun Tan glisse une série d'images sans texte, qui vont conduire à la conclusion de ce formidable album.
Ne jamais laisser de chaussette rouge sur la corde à linge. (c) Gallimard Jeun.
Les dessins sont extraordinaires dans leur diversité, ne cachant rien de la matière dont ils sont faits, dans des tons pleinement en adéquation avec leurs propos. Plus on avance dans le livre, plus on se prend au jeu de l'auteur. Shaun Tan ménage de belles pistes pour l'imaginaire, les émotions et les sentiments. Un excellent album pour les enfants qui savent déjà lire.