Yo ! Je ne fais pas allusion à cette interjection anglophone destinée à saluer quelqu’un, ni à la lettre Ё de l’alphabet cyrillique. Yo, c’est le nom de cette application mobile sortie le 1er avril sur l’app store, dont la principale fonction est d’envoyer un message instantané en 2 caractères « Yo » à ses contacts. Voilà, vous savez tout.
Mise au point en moins de 8 heures par le développeur israélien Or Arbel (via Mashable), Yo a généré un buzz depuis l’article du Financial times de mercredi 18 juin. Son nombre d’utilisateurs a été multiplié par 20 en une semaine (plus d’1 million aujourd’hui). Elle est devenue virale, notamment par le biais de la coupe du monde de football, où chaque but marqué est l’occasion de « yoer » à ses contacts. Yo a d’ores et déjà généré une levée de fond d’1,2 million de dollars. Ça fait cher la lettre ! Parmi les investisseurs, on retrouve Moshe Hogeg, dirigeant de Mobli. Yo a été hackée après ses premiers jours de succès, mais a fini par embaucher un de ses hackers, et recrute désormais de nouveaux collaborateurs pour développer le concept.
Les critiques adoptent la même sémantique pour évaluer cette application : « stupide, incroyable, minimaliste, plaisanterie ». Alors, quel est l’intérêt d’une telle application ? Yo simplifie de façon drastique la communication entre les utilisateurs, et la rend purement contextuelle : Le message reste le même, mais devient purement symbolique. C’est le contexte derrière qui importe, et non plus la forme. Arbel Affirme (via Mashable) qu’il s’agit d’une « nouvelle manière d’obtenir des notifications ». Jugez par vous même : Yo – ça va ? Yo – Bonne chance pour ton entretien ! Yo – t’as une touche avec cette fille. Yo – Buuut ! Yo – Je viens d’arriver chez moi. Yo – j’ai fini !
Outre la dimension sociologique de cette application – je me permets le néologisme « yologique », il en résulte de réelles opportunités de business. On imagine aisément des campagnes social media basée sur le Yo ! Imaginez un jeu concours basé sur un quizz, ou un jeu instant win. Maintenant, offrez à votre communauté la possibilité de participer soit en votant sur Facebook, soit en envoyant un Yo. Incitez-les à passer par le Yo en appliquant un vote compte double attribué à ce service. Pour finir, mesurez les votes en comptabilisant automatiquement chaque Yo sur une application facebook.
On peut imaginer un commerce nouvellement ouvert qui proposerait une réduction de x% sous réception d’un yo. On peut considérer un groupe de musique qui diffuserait leur concert en live streaming et qui pourrait se faire applaudir par les internautes par le biais de Yo, comptabilisés sur un compteur géant sur scène. Variante, ce même groupe pourrait mesurer la popularité de leurs chansons live en appelant à un vote de Yo !
Clairement, le Yo pourrait être exploité en tant que monnaie d’échange pour obtenir une contrepartie (engagement d’une communauté versus service offert).
De plus, comme le souligne Laurent Solly, directeur de Facebook France, Facebook affiche clairement une volonté de diversification de ses activités qui commence par les rachats d’Instagram et What’sapp. En effet, quand Facebook aime, Facebook rachète. Yo se positionnerait-il comme une start-up souhaitant développer de façon exponentielle l’utilisation de son slogan dans le but de se faire racheter par un acteur tel que Facebook ?