Photocopieuse vêtue d’un Teddy marine Printemps/été 2014 - Laser Printer Gorilla I ©Cune
Un peu de folie agrémentée d’un zeste mode, CUNE, label japonais, est à Paris pour la première fois jusqu’au 2 juillet prochain. La marque au lapin blanc professe fraîcheur et créativité, à l’heure où la "fashionsphère" semble s’essouffler.La mode japonaise ? Les français(es) connaissent… vaguement. Paris, Milan, Londres et New York se tiennent jalousement la main, ignorant trop -parfois- le pays du soleil levant. Quatre fois par an, les défilés des quatre villes précitées rebattent les oreilles des rédactrices et autres bloggeuses. La presse féminine en fait un "flan" au final. Mais jamais, ô grand jamais, journalistes et magazines d’Occident ne voyagent pour découvrir les talents de la "Semaine" de la mode de Tokyo.Non, le genre français attend plutôt que les Japonais se déplacent, venus rendre hommage à la dame d’acier. Une fois le pied posé en France, certains critiques regardent inquisiteurs, acceptent et finissent d’idolâtrer ce qui paraît être aujourd’hui la Mode de demain ; Cette mode japonaise bouillonnante, qualitative, au travers de laquelle de nouveaux labels plus originaux les uns que les autres apparaissent chaque année. Le street-style nippon est devenu légion, voire religion. Un mouvement mature, délicatement poétique.
Les nouvelles tribus japonaises rejettent désormais les modes en vogue d’il y a quelques années. Et CUNE, ultra-pas-conventionnel, a compris, lui, en matière de style, que les individus changent, que les esprits s’affinent, que les comportements se révèlent, avec humour et dérision. Dans cette éclatante mouvance, l’identité de chacun se trouve renouvelé, au delà ce que l'on connaît de la mode en général.
"Kawasaki", "Gyôza", "Cœur de chou", "Oui je sais" et/ou "Intestin grêle et blanc de l’œil" entre autres, composent les différents thèmes travaillés de la nouvelle collection CUNE Automne-hiver 2015, intitulée Varsan (produit anti-cafard japonais). Le choix de l’insecticide serait-il un remède philosophique contre la dépression ? Ou encore une substance pour éloigner quelques esprits médisants ? Peu importe… Hinonori Yasuda, styliste du label, s’en fiche ; Libre de penser, d’avancer, de créer des effets qui ne sont pas des articles de mode, non, "juste des vêtements". Une simplicité désarmante qui en dit long sur le parcours créatif du Monsieur.
Devenu populaire au Japon, CUNE, travaille depuis vingt ans déjà, en dehors de toutes formalités commerciales et esthétiques. Hinonori Yasuda, entouré de Kei, Kazumi et Toshihisa, conçoit des articles dont il a envie, sans correspondance avec un vêtement qu’il faudrait obligatoirement porter, sans susciter directement l’achat, juste pour être soutenu dans sa démarche d’indépendance. Vêtements aux formes douillettes, en couches superposées, aux matières typiquement écologiques (coton, laine, crochet et mailles de toutes sortes) CUNEjoue la carte des textiles techniques imprimés de fleurs, de bulles multicolores ou d’illustrations récréatives. Les boîtes Varsan, sagement flanquées sur voile, suscitent une intention légitime "Warholiennne" à l'image des boîtes de soupe Campbell, un duffle-coat en drap de laine imprimé, munis de brandebourgs acryliques en forme d’os pour chien, étonne et amuse, les sacs en cuir dénués de fermetures à glissières interpellent jusqu’au sourire. Libre de tout mouvement, le label continue de présenter des objets étranges, sans significations particulières, en témoigne une collection capsule de vêtements pour photocopieuse qui vaut le détour.CUNE, réconcilie les gens autour d'une sensibilité enfantine perdue, d'une imagination débordante oubliée.FGCUNE - One Step Gallery (jusqu'au 2 juillet 2014)79, rue Charlot75003 Parisinfo pratique www.cune.jpachat online www.store.cune.jp