La Mémé de Philippe Torreton, c’est la même que ma Mamie. C’est pour cette raison que j’ai adoré ce livre. J’ai retrouvé ma grand-mère chérie, celle chez qui on passait toutes nos vacances avec frères et cousins quand on était petits, à jouer, à se chamailler. On préparait des soupes aux cailloux et aux herbes folles qu’elle acceptait de goûter en nous félicitant de nos talents de cuisiniers. On regardait la télé, vautrés sur elle, et on se frottait le nez contre ses bras moelleux. On se réveillait le dimanche matin à 5 heures pour aller au marché, elle nous préparait des sandwichs au saucisson, et on marchait pendant des heures sur les chemins de campagne. Pour le retour, épuisés, on prenait le bus en suçant des pralines roses, on se relayait pour tirer le caddie rempli des lentilles à trier, des petits pois à écosser, des haricots à équeuter. Le soir, on se battait pour dormir avec elle dans son grand lit, même si elle ronflait et prenait toute la place. Elle mettait des petits écouteurs dans ses oreilles et écoutait la radio, et en se collant contre son dos, on pouvait entendre les voix chevrotantes de ses chanteuses préférées, tout en craignant et espérant en même temps qu’elle lâche des pets, pour qu’on puisse le raconter aux autres le lendemain et se marrer comme des baleines. Les meilleurs souvenirs de mon enfance = les vacances chez mamie. Une vraie grand-mère qui nous cuisinait que ce qu’on aimait, nous autorisait à dire des petits gros mots, à regarder la télé le soir, , à rester dehors jusqu’à la nuit à jouer au quartier général avec les enfants de la rue, à monter sur le solex, à sucer des dragées avant de dormir… Bref tous les trucs interdits, voire inenvisageables dans nos pavillons de banlieue avec nos parents fatigués par le boulot… Ma Mamie n’est jamais partie en vacances, elle n’a vu la mer qu’une fois dans sa vie, roulait en mobylette, passait ses journées à s’occuper de sa maison, faire à manger, laver le linge, repriser les chaussettes, lessiver, frotter… pour ses trois fils et son mari d’abord, et tous ses petits enfants ensuite. Une vie de labeur, saupoudrée de quelques petits moments de bonheurs familiaux.
C’est exactement ce que nous raconte Philippe Torreton, ses souvenirs d’enfance, avec toute la tendresse qu’un cœur d’enfant peut contenir. Un très beau livre, émouvant, un bel hommage, que je relirai à chaque fois que j’aurai envie de retrouver ma grand-mère chérie qui, tout comme sa Mémé était "silencieuse de mots mais bavarde en preuves d’amour."
En lien avec l’auteur
http://blog.lefigaro.fr/theatre/2013/12/philippe-torreton-un-beau-livr.html
http://www.mandor.fr/archive/2014/02/06/philippe-torreton-interview-pour-meme-5290483.html
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