Comme lieu de villégiature original et audacieux, vous devriez songez à l'Ukraine, qui ce week-end a marqué un pas décisif vers une association avec l'Union européenne. Son nouveau président oligarche, Petro Porochenko, l'a rappelé lors de sa rencontre du Président du Conseil européen Herman Van Rompuy: "Cet accord offre une nouvelle perspective pour moderniser le pays". Alors, direction Kiev, il s'agit de vérifier quelles opportunités touristiques ces nouvelles autorités proeuropéennes peuvent offrir. Évitons soigneusement les belles plages de Crimée, où les émissaires russes font grise mine, et à l'instar du Mississippi, remontons le fleuve Dniepr jusqu'au Nord. Passées les collines de la capitale ukrainienne, vous devriez atteindre la ville de Pripyat, d'une quiétude idéale pour planter la tente. Le lieu est boisé, peu fréquenté, avec toutes commodités: piscine, grande roue, et un véritable musée à ciel ouvert de l'époque soviétique. En revanche, regardez où vous mettrez les pieds et prévoyez une alimentation en énergie, car les vannes de Gazprom, à supposer qu'il y en ait dans le coin, sont menacées de fermeture, et vous ne pourrez pas non plus compter sur l'électricité de la centrale voisine de Tchernobyl. Au final, vous réalisez que dans ce pays en partition qu'est l'Ukraine, les enjeux économiques ne profiteront pas à tout le monde.
De retour, toujours en quête de sensations (surtout si vous vous prénommez Ferdinand ou François), vous marquez votre différence avec les chefs d'États européens en vous rendant à Sarajevo. La capitale bosnienne, en effet, n'a été foulée que par peu d'élites politiques hier, pour la commémoration des événements qui, un siècle plus tôt, déclenchaient la Première guerre mondiale, l'assassinat de l'archiduc héritier du trône d'Autriche-Hongrie et de son épouse Sophie. Il faut dire que les relents de division qui sommeillent entre les trois peuples serbe, croate et bosniaque (c'est-à-dire orthodoxe, catholique et musulman), issus des accords de Dayton en 1995, n'arrangent rien. Comme un symbole de cette division, l'inauguration à l'Est de Sarajevo par les Serbes de Bosnie d'une statue du nationaliste Gavrilo Princip, auteur de l'attentat du 28 juin 1914. À ce spectacle, vous comprenez encore que vous passerez difficilement ici, dans cet État artificiel du cœur de l'Europe, vos vacances en "paix".
Reste à sombrer dans la banalité d'un séjour sur les plages de Copacabana, à Rio de Janeiro, non loin du stade de football. Les huitièmes de finale de la Coupe du monde battent leur plein, et les deux matchs prévus demain, France-Nigeria et Allemagne-Algérie, promettent encore de l'effervescence sur les Champs-Élysées. Mais la célèbre avenue parisienne pourrait être privée du défilé de la fête nationale française le 14 juillet prochain! Le président de la République François Hollande n'exclut pas l'hypothèse de le reporter d'une journée si l'équipe de France parvenait jusqu'en finale le 13 juillet prochain, ce qui serait synonyme d'un déplacement du chef de l'État au stade Maracanã de Rio. Décidément, celles et ceux qui ne suivent pas la Coupe du monde par aversion du ballon rond n'auront pas compris qu'il s'agit moins de football que de géopolitique...