Au début, quand j’ai lu le titre de l’album, j’ai bien ri. Wow, princesse Mariah, la chanteuse (sic) fugitive et insaisissable… Et l’abus de Photoshop qui lui fait gagner au moins six tailles et vingt ans on en parle? J’ai comme l’impression que ça fait la 3e chronique de Mme Carey-Cannon où je démarre par la même introduction, c’en devient problématique.
J’ai réfléchi à deux fois avant de cliquer sur "Cry.", j’ai tourné aussi ma langue 7 fois avant de dire n’importe quoi. C’est… pas mal. Evidemment, je craignais que l’aspect larmoyant déborde trop, surtout pour commencer l’écoute, mais non. C’est Mariah Carey, sa sensibilité parfois surjouée était parfois à pleurer de rire (qui se rappelle de son navet Glitter?), ce n’est pas le cas ici. Dans le fond elle n’a pas tant changé, simplement elle est revenue vers une recette de r&b qui a bien marché dans les années 2000 en collaborant avec de nouveau des experts du genre tels que Jermaine Dupri, Brian-Michael Cox ou encore Rodney Jerkins. Son goût pour les bad-boys rappeurs (mais pas trop) aussi est toujours affiché, preuve en est avec les participations de Nas sur "Dedicated" (et son sample du Wu-Tang), Wale ou encore Fabolous sur "Money".
Comme pour la pochette de l’album, on perçoit le r&b de Mariah Carey à travers un miroir amincissant mais moins cul-cul-la-praline qu’il en a l’air, moins "fat" aussi (désolé). C’est sobre, avec une volonté de ne pas en faire trop, ce qui est fort appréciable. D’autant plus qu’elle ne se perd pas dans de la pop-r&b voire pire, de la dance, dans quoi pas mal de confrères et consoeurs ont succombé ces dernières années. Ce qui n’empêche pas de rester moderne en faisant appel à Hit-Boy, avec sa touche reconnaissable sur "Dedicated" et " Thirsty", ce qui est moins le cas de Mike Will sur "Faded", moins trap qu’à son habitude, voire pas du tout. Ces morceaux figurent en première moitié d’album, dont le duo très réussi avec Miguel avec "Beautiful", pour la touche r&b contemporain.
C’est dans la seconde moitié que Mariah revient vers un style de rhythm’n blues plus habituel et qui rassure, avec quelques surprises à la clé comme ce beat disco de Q-Tip sur "Meteorite" (sur un sample d’Eddy Kendricks) ou cet autre duo au sommet avec Mary J Blige sur "It’s a Wrap", s’inspirant du classique "I Belong to You" des Love Unlimited. On ne pourra pas en dire autant de celui avec R Kelly, très décevant à ce niveau. Tout comme cette reprise de "One More Try" de Georges Michael, trop douce et qui ne dégage aucune émotion, un comble!