Départ en Chine, s'entend...
J'ai voulu retourner dans le quartier de nos premiers pas à Shanghai. A ce moment-là, je ne tenais pas de blog, je n'imaginais pas le faire, mais je réfléchissais gentiment à une manière de conserver mes souvenirs, mes impressions, mes questionnements et mes images. A ce moment-là, je ne savais pas non plus quels seraient ma vie, mes étonnements et mes réactions. Je ne savais pas que tout le monde photographiait tout le monde, j'étais partie avec un carnet Moleskine et une série de mines, prête à m'asseoir pour dessiner tant bien que mal ce qui tombait sous mon regard. Je ne savais rien de la Chine ou de Shanghai. Ce n'est qu’après quelques mois, voyant que mes photos s'accumulaient et que j'avais trouvé la touche "vidéo" de mon appareil de photo, sans pouvoir transmettre les films trop lourds par mail, que mon blog a pris forme.
J'ai voulu retourner à Loushanguan parce que mes perceptions de Shanghai ont évolué et que je n'avais jamais remis les pieds par là-bas. Tout d'abord, je me suis demandé comment on choisissait un endroit de départ, tout en sachant qu'il serait certainement très provisoire. Nous avons choisi cet endroit au hasard, mais du " bon côté de la ville ", sur la base d'une recherche d'un logement " serviced apartment " trouvé sur Internet, qui annonçait fièrement qu'il se trouvait au-dessus d'une station de métro. Un bon argument.
Loushanguan en rouge.
En brun, l'endroit où Fred travaillait en 2010
Un bout du voyage sur la ligne 3, qui a l'avantage de ne pas être souterraine,
avec un voisin toussotant
. C'était Loushanguan, ça aurait pu être n'importe, c'était le choc. J'étais en Chine, à Shanghai, dans un quartier où les étrangers ne sont pas légion. Je voulais un chez-moi, j'observais de notre chambre les différents types d'habitations : qu'est-ce qui m'attendait ?
L'entrée de notre hôtel se trouvait dans une zone à l'arrière du bâtiment, moitié parking, moitié allée de passage, je m'y sentais protégée. Alors que Fred prenait ses marques dans son nouveau travail, j'avançais à pas mesurés dans les rues avoisinantes, à la recherche de marques que je peinais à trouver.
De l'autre côté de ce "porche", la rue, la ville, la Chine...
Quelques mots de chinois, beaucoup d'appréhension, tout à déconstruire et à reconstruire.Un supermarché plein de petits stands. Que choisir? Où payer ?
Prendre 20 bonnes minutes pour déchiffrer quelle sorte de
lait mettre dans mon thé...
Découvrir hier qu'il existe maintenant du lait SUISSE dans
ce même supermarché (que je n’achèterais pas !)
Entrer dans une boutique de fringues et être immédiatement suivie et conseillée par des vendeuses en mal de clientes ne faisait pas partie de mon quotidien chez moi. Je voulais être libre de regarder, de toucher. Maintenant, je les trouve de bon conseil, j'aime bien leur compagnie.
Mon premier repas au resto, c'est ici que je l'ai pris. J'avais
demandé un verre d'eau. Je ne savais pas si elle était potable,
j'en ai tout de même bu une gorgée, par politesse. Ce souvenir
m'a bien fait sourire hier...
En 2 semaines, combien de fois ai-je pris le temps de récupérer
sur ces bancs, de m'encourager, de me dire que cela irait,
que cela devrait aller, que 3 ans ce n'était pas si long.
Effectivement, puisque 3 ans ont passé à 4 et que je ne les
pas vus défiler.
Il m'a fallu quelques jours pour oser m'aventurer dans cette rue;
il me semblait que les arbres lui donnait un air mystérieux,
dangereux peut-être ?
Alors que je viens de découvrir que c'est une sacrée adresse
pour du poulet rôti !
Je n'avais pas réagi à la nourriture halogène, maintenant
elle m'interpelle.
J'ai beau scruter Internet, dans cette partie de la ville, il n'y pas grand chose à voir ou à faire. Quelques consulats (dont le mien), une flopée d'hôtels de gamme moyenne. Et puis la vraie vie, sans bling-bling. J'ai parcouru le quartier hier, perdue dans mes pensées, me souvenant de mes attentes d'il y a 4 ans, de mes espoirs, de mes rêves. Je ne le savais pas alors, mais ce quartier est peut-être le plus représentatif de ce que j'ai vu en Chine, de la vraie vie, des bâtiments usés prématurément, fatigués de pollution, un quartier vivant où les gens mangent, jouent. Il m'a plu hier, j'y suis allée d'un pas assuré.
Mais le coin va changer, comme cela arrive autour de chez nous, ailleurs, partout. De grands ensembles luxueux occupent les terrains qui étaient vagues en 2010 et des immeubles impressionnants sont en construction.