A 16 années-lumière de la Terre, une équipe d’astronomes a découvert une super-Terre évoluant dans la zone habitable d’une naine rouge. Avec un « indice de similarité avec la Terre » (ESI) de 0.81, il s’agit de la meilleure candidate à l’habitabilité dans notre voisinage galactique.
Les exoplanètes potentiellement habitables connues à ce jour sont désormais au nombre de 23 selon le PHL (Planetary Habitability Laboratory) de l’Université de Puerto Rico à Arecibo. Un recensement, certes toujours sujet à modification (et à réinterprétation), qui a vu sa population de candidats doublés cette année. Rien d’étonnant à cela quand on sait que les confirmations de planètes extrasolaires ont bondi de 800 cas en l’espace de huit mois (1.800 exoplanètes confirmées à ce jour). Bien sûr la quête est loin, très loin d’être achevée et beaucoup de travail attendent les astronomes car pas moins de 4.234 candidates figurent dans les archives du satellite Kepler.
Récemment débusquée par l’équipe de Robert A. Wittenmyer (UNSW, Australie), la super-Terre Gliese 832c pourrait prétendre au titre de meilleure exoplanète habitable proche de nous. Bien sûr, l’information est à prendre avec des pincettes car tout dépend de plusieurs conditions qui ne sont pas toutes connues.
Illustration de la super-Terre Gliese 832c – à l’arrière-plan, photo de la naine rouge Gliese 832 visible dans un instrument dans la direction de la constellation australe de la Grue (photo prise le 20 juin par Efraín Morales Rivera).
Découverte à travers trois télescopes différents employant des spectrographes de haute précision pour les mesures de vitesse radiale, Gliese 832c est une super-Terre, au minimum cinq fois plus massive que la Terre, qui gravite autour de son étoile en 36 jours à une distance moyenne de 24 millions de kilomètres (entre 0,13 et 0,19 UA). L’étoile Gliese 832 est, quant à elle, une naine rouge (type spectral M), moins massive (0,45 masse solaire) et moins chaude (environ 3.200 ° C à sa surface) que notre Soleil. Éloigner de seulement 16,1 années-lumière, il est possible pour tout astronome amateur de l’hémisphère sud de l’observer dans un instrument en direction de la constellation de la Grue (Grus).
Naviguant sur le bord intérieur de la zone habitable de son système, l’exoplanète est susceptible de recevoir un flux d’énergie comparable à celui que recueille la Terre, estiment les auteurs de cette étude. En fonction de son atmosphère, ses températures pourraient être équivalentes à celles qui règnent dans notre biosphère. Cependant, soumise à des cycles saisonniers très variables et dans l’hypothèse où son atmosphère est plus dense (probabilité importante pour les super-Terres), la planète ressemblerait alors davantage à une super-Vénus ! Ajoutons à cela que les naines rouges (en supériorité numérique dans la galaxie) ont très mauvaise réputation car fréquemment sujettes à des sautes d’humeurs susceptibles d’affecter violemment les planètes qui les entourent…
Néanmoins, avec les données qu’ils ont en leurs possessions pour caractériser cette planète, les chercheurs ont établi qu’il s’agit, à ce jour, de la meilleure candidate à l’habitabilité dans notre voisinage galactique. Son « index de similarité avec la Terre » (Earth Similarity Index ou ESI) est de 0,81 (la valeur 1 est pour la Terre) soit presque le même que les exoplanètes Kepler-62e (distante de 1.200 années-lumière) et Gliese 667Cc (à 24 années-lumière).
En vert, zone habitable autour de la naine rouge Gliese 832
Un système solaire à plus petite échelle
Avec environ 0,6 fois la masse de Jupiter, Gliese 832b fut en 2009 la première exoplanète identifiée dans ce système voisin. Séparée de 3,6 unités astronomiques de son étoile-parent, elle boucle son orbite en 9,4 années. Pour les chercheurs, celle-ci a pu jouer au fil du temps un rôle dynamique important, à l’instar de notre Jupiter au cours de la jeunesse notre système solaire. Pour eux, le système de Gliese 832 pourrait d’ailleurs se lire comme une version à petite échelle du nôtre.
Il ne reste plus qu’à glaner davantage d’informations, découvrir d’éventuels autres mondes autour de la naine rouge et, bien sûr, caractériser avec plus de précision Gliese 832c si d’aventure elle transite devant l’astre qui la gouverne.
Exoplanètes potentiellement habitables connues (fin juin 2014)
Crédit photo : Efraín Morales Rivera (Astronomical Society of the Caribbean)/PHL, UPR Arecibo.