En ce mois de mai, pendant que certains montent des marches, à Cannes, Paris ou toute autre capitale festivalière , pendant que quelques uns reçoivent prix et autres signes de leurs pairs, nous en voyons d'autres, plus nombreux ceux la, qui asphyxiés et sans palme, lentement meurent. Avant de laisser macérer, avant de laisser mourir on aurait pu se demander, quelle Culture commune voulons nous construire ? Mais malheureusement, en ce mois de mai, on peut constater que cette question n'est pas posée ; oui, jetés aux oubliettes geste artistique et sens commun nous avançons dans la "consommation culturelle" à marche forcée. On aurait pu imaginer que financeurs et acteurs de l'art posent sur la table constats économiques et objectifs humains et sociétaux et construisent ensemble une politique culturelle mais non, de bout de ficelles elle a été, de bric et de broc elle restera. Taillant ici, réduisant là, le jardinier Etat est devenu "coupeur de têtes" et si certains de ses agents regardent effarés la nouvelle oeuvre paraître, il n'en reste pas moins que le changement de costume reste opérant.
Ateliers de pratique ou actions de proximité qui, mesure pour mesure, heure après heure, permettaient à des publics très divers de goûter aux fruits artistiques, disparaissent. Sensibilisés un jour, les publics éloignés sont oubliés le lendemain... Et nous, acteurs, qu'y pouvons-nous ?
Travailler encore, tant que nous le pouvons. Ici et là mais demain, vite, nous disparaîtrons. Mots sombres ? Non, rien de sombre la dedans ! La juste époque, le temps heureux dans lequel nous partageons pleins de joie le geste artistique que nous aimons, ces temps, sont derrière nous. Avançant dans les nouveaux temps, nous voyons autour de nous, sourires figés et rictus macabres, que les murs se rapprochent mais bientôt, l'air manquera. Alors peut-être nous dirons-nous, un mot, juste un, encore un mot, rien qu'un...