Le peintre et l’arène, Art et tauromachie, de Goya à Barceló
28 juin au 12 octobre 2014
« Ce que je voudrais c’est faire une corrida comme elle est (…) il faudrait une toile grande comme les arènes (…) Ce serait magnifique … ».
Ces propos de Picasso rapportés par son amie romancière et critique d’art Hélène Parmelin témoignent bien de la double passion qui anima l’artiste : passion pour la corrida, le spectacle de son enfance pour lequel il éprouva toute sa vie plaisir et fascination, passion pour la tauromachie comme sujet inépuisable de recherche plastique et artistique.
L’exposition s’ouvre sur la Tauromaquia de Goya, une série de 40 estampes réalisées par l’inventeur de la représentation tauromachique moderne. Jeu de l’ombre et de la lumière, du blanc et du noir, jeu d’esquive et d’affrontement entre l’homme et de l’animal, multiples perspectives sur l’arène vue par le spectateur depuis les gradins ou par le torero depuis le centre de l’arène. Cette dernière, qu’il s’agisse de son seul centre ou ruedo, ou de son architecture dans son ensemble, est bien le centre de la scène et celui des préoccupations de l’artiste qui la contourne, s’en approche ou s’en éloigne pour mieux exprimer l’intensité du drame qui s’y joue. Après Goya, Picasso crée sa propre vision de La Tauromachie ou l’art de toréer. Plus proches de
nous, Antonio Saura livre sa Sauromaquia, Gilles Aillaud une Tauromachie plus apaisée.Chaque artiste offre ainsi une proposition originale de perspective, de cadrage et de découpage de la scène en séquences narratives dramatiques ou plus allègres, alors que le spectacle tauromachique lui-même semble s’éloigner des préoccupations du spectateur contemporain, voire heurter sa sensibilité.
Le but de l’exposition est de souligner l’intensité de ce qui se joue entre la corrida et la tension plastique de sa représentation artistique. Picasso encore et toujours, qui jouera sur le thème toute sa vie durant, mais aussi tous les artistes qui ont été happés par l’espace de l’arène, comme par une force centripète.
Parmi eux et aux côtés des grands noms de l’art moderne dont Juan Gris, André Masson, ou, plus proche de nous, Francis Bacon, on retrouvera pour ne citer que quelques noms parmi les contemporains Hervé Di Rosa et ces cercles dévorés par une foule bariolée et animée de regards enfiévrés, Alechinsky en une joute avec l’artiste mexicain Alberto Gironella, Claude Viallat inscrivant des passes dans l’espace de boîtes de fromage, Jean Le Gac inspiré après Manet par la figure du torero mort, Najia Mehadji noyant dans des éclosions de couleur les lignes incisives des gravures de Goya… jusqu’à l’image ultime de l’arène blanche par Miquel Barceló.