Quand les mots des enfants deviennent un poison mortel...
J’avais très envie d’aimer ce livre. Pour la singularité du sujet et parce que tout ce qui touche au langage, en général, me fascine. Ben Marcus manie la langue avec une grande originalité. Indéniablement novateur, il possède le sens de la dramaturgie et son dernier roman est une œuvre ambitieuse au style élaboré. Incarné et crépusculaire, L’alphabet de flammes est un contraste permanent entre la violence du récit et le calme glaçant avec lequel il est conté.
Ben Marcus aurait pu en faire un récit apocalyptique dans la lignée de La route. Malheureusement, le roman souffre de plusieurs défauts majeurs. Tout d’abord, le rythme, principal écueil à une compréhension claire de la chronologie de l’histoire. Les incessants allers et retours de la narration m’ont fait perdre le fil à plusieurs reprises.
L’unique point de vue est celui du narrateur qui intellectualise systématiquement au lieu de ressentir. Le récit en devient trop métaphorique et les personnages féminins, pourtant essentiels, manquent de relief. Les nombreuses descriptions des fluides et de la putréfaction de la chaire forment une répétition inutile. Il dégage de ce roman, qui oscille entre les genres, une certaine raideur au lieu d’une grande intensité.
Sous-sol, 345 pages, 2014, traduit de l’anglais par Thierry Decottignies