Tout d’abord, sachez que cet ignoble reportage diffusé par M6 l’année dernière est totalement véreux ! Dans les faits, cette édition 2014 fut proprement hallucinante : plus de 152 000 entrées en trois jours, 200 000 litres de bières (sans compter celles des festivaliers), un cagnard digne d’un film de Sergio Leone, des murs de basses à vous faire exploser le crâne et pourtant, rien à signaler. Je n’ai pas vu de zombies assoiffés de sang, de messes noires, de bagarres ou de sacrifices humains dans les vignes de Clisson! En revanche, j’ai eu la chance de rencontrer des passionnés de musique, d’histoire, de vins, de films, de voitures, de moto, de châteaux, de littérature, des ouvriers, des ingénieurs, des étudiants, des profs, etc. Et oui, c’est ça le métal, des passionnés ! J’ai aussi eu la chance de loger chez des locaux très heureux d’accueillir l’événement, et me demandant chaque jour de leur raconter en détail ce que j’avais vu ou entendu la veille. Le plus chouette, c’est qu’eux, n’étaient pas du tout rockeurs, toutefois le réel intérêt qu’ils portent à « nôtre » festival force le respect. Bravo à vous.
J’en viens à mon compte-rendu à proprement parler. La journée du vendredi fut certainement la plus dense. Il aura fallu arriver, s’installer, s’équiper et le plus dur… choisir ! Choisir parmi les groupes sur cette affiche de fou fut douloureux. Suite à de gros bouchons à l’entrée de la ville, j’ai dû me résoudre à commencer les hostilités à 15H00.
Les « poètes » américains de Toxic Holocaust évoluaient sur la Mainstage 2 pour déclamer un trash old school plutôt bruyant. La set-list avait pourtant de la gueule mais le son n’y était pas. Même si les excellents « War is Hell » et les cavalcades guitaristiques de « Bitch » envoient le bois, ça ne prend pas. À revoir dans d’autres circonstances.
Sous le chapiteau du Altar, les néerlandais de Hail of Bullets sont applaudis comme il se doit, et pour cause ce ne sont rien moins que d’anciens membres d’Asphyx et de Pestilence qui disent la messe pendant près de 50 minutes. Le son est au poil, les guitares tranchantes ainsi que la voix de l’excellent Martin Van Drunen toujours aussi puissante, emportent l’adhésion de tous. Quelle leçon de trash les amis. « Dg-7 » ou encore « Ordered Eastward » me collent une trique d’enfer ! Premier bon moment de la journée, et certainement pas le dernier.
L’avantage du Hellfest, c’est qu’on a juste à bouger ses fesses de quelques mètres sans avoir à attendre plus de dix minutes, pour passer aux groupes suivants. C’est ce que je fais pour recevoir les hommages des finnois d’Impaled Nazarene. Le groupe joue « très » fort et surtout met un point d’honneur à monter le volume de la basse ! Le résultat ne se fait pas attendre, le set est inaudible. Même si les fidèles (dont je fais partie) reconnaissent sans difficulté « 1999 : Karmageddon Warriors » ou encore « Kut », le très fameux « Motorpenis » ou encore ce final tout en douceur qu’est « Total War –Winter War » il faut le dire, les minutes semblent des heures. Le très imposant Arkki tape comme un sourd sur sa basse à l’aide de son poing. Voilà un homme qu’il vaut mieux ne pas contrarier. On ne comprend rien à ce qu’il se passe sur scène mais heureusement les mimiques de Mikka Luttinen permettent de faire passer le temps. J’exagère car il faut bien avouer que le groupe assure sa prestation avec force et conviction, sous un chapiteau transformé en couscoussière géante pour l’occasion. Vous me direz : pourquoi être resté jusqu’au bout si le son était si désagréable ? Inspiré de l’un des maîtres à penser du power metal, Eric Adams, je répondrai ceci : par amour du metal.
Le temps d’étancher ma soif avec un demi pichet de muscadet local, il me faut constater le monde, que dis-je « la foule » pressée devant le Sepultura version 2014. Soyons honnête : ils ont mis le feu ! Tout y était. Le son, le jeu de scène, les « Refuse/Resist » « Arise » « Roots », même « Policia », c’est dire ! Niveau prestation c’est propre très propre, le job est fait et il faut dire que le jeune et talentueux batteur Eloy Casagrande, joue à la perfection. Et oui, personne n’est irremplaçable. Mais voilà, personne n’est substituable pour autant. Et j’en viens au second constat, plus subjectif, que reste t-il de Sepultura avec un seul membre d’origine dans le groupe ? Bien entendu, Kisser et Green sont là depuis des lustres mais moi qui me réécoute régulièrement les albums d’avant 1987, je trouve que la magie n’est plus là. Pourtant, le concert est excellent et réglé au poil, alors au diable l’amertume.
Place à ces « jeunes » cadors d’Iron Maiden ! Bientôt 40 ans de carrière et les types parviennent à surprendre le public. Set-list magnifique, décors renouvelés presque à chaques titres, Dickinson au sommet de son art, McBrain tout de bleu vêtu et une ambiance monstrueuse. Je ne sais pas quoi vous en dire. Après les deux intros habituelles que sont "Doctor Doctor" des UFO et le « Rising Mercury », les premières notes de « Moonchild » résonnent. Dickinson, 55 piges galope comme un fou et prend des postures improbables pour haranguer une foule toute acquise à sa cause. On ne compte plus les tee-shirts flanqués à l’effigie de la vierge de fer, qu’on se le dise, les stars de la journée ce sont eux. Bizarrement, la set-list ne pioche pas dans les albums d’après 92, tient donc… L’album SEVENTH SON OF A SEVENTH SON est le plus représenté, toutefois, c’est « Fear Of The Dark » qui me fera la plus grosse impression. C’est un Dickinson, ébouriffé, visage cireux et regard fixe qui déclamera les paroles donnant l’impression d’être un schizophrène échappé de l’asile, flippant donc. Rien à rajouter sur les talents et vertus des trois guitaristes. Toute le monde trouve sa place, Steve Harris abat un travail de titan en faisant claquer sa basse comme personne, quand à Mc « cerveau » toujours aussi efficace derrière ses fûts. Le groupe termine sur un « Sanctuary » qui, lorsque j’en parle, me redonne le sourire. De la joie, voilà, ce que le groupe a réussi à communiquer en ce vendredi. Quelle tête d’affiche pour Clisson et quel plaisir vous nous avez donné.
Il est 23H00, place à Slayer. En raison d’un changement de dernière minute Trivium est reculé à 1H05. Perso, ça me va. Je ne vais pas épiloguer pendant des plombes, mais Trivium ça n’est pas mon truc. Pour la joie évoquée plus haut, on repassera. Les hostilités démarrent avec « Hell Awaits » alors que le groupe ne s’embarrasse pas avec les bonjours et autres chichis du genre. Du jeu, rien que du jeu. Le groupe envoie des kilos de basse, je le sais car j’avais le nez dedans pendant une heure. J’en viens à un détail technique. J’étais fort bien placé visuellement parlant puisque j’étais tout devant mais le son, aie aie aie ! SI vous allez voir des gars qui jouent à fond, un conseil : reculez-vous un peu. Slayer jouant potards à fond, mes oreilles écrasées par les infrabasses, n’ont pas pu profiter des fameux soli du King (pas Elvis, Kerry hein ?!). Les fameux « War Ensemble » et « Dead Skin Mask » me permettent de constater que le groupe tient méchamment la route, y compris sans Jeff Hanneman. Et bien oui, Holt fait très bien le boulot. Ne parlons pas de la batterie, très en place ce soir. Le final « Angel Of Death » clôt un set carré, un peu froid mais terriblement efficace.
J’ai les oreilles en feu mais au nom du metal, il me faut voir les suédois de Sabaton. Heureusement au Hellfest, les rotations sont rapides, il suffit juste de faire quelques mètres et deux minutes chrono plus tard, les suédois font une entrée fracassante sur le désormais célèbre « Ghost Division » après nous avoir envoyé dans le museau le « Final Countdown » de qui vous savez et l’intro épique « March To War ». Changement d’ambiance avec le power metal scandinaves. Musicalement le son – puissant et ajusté – atomise ce qui reste d’audition, et le jeu de scène de ce fou furieux de Joakim Broden écrase tout sur son passage. Les lunettes d’aviateurs à carreaux teintés à 1H00 du mat, ça c’est la classe ! Le dernier album Heroes est bien représenté. C’est l’occasion de constater, que les excellents « Carolus Rex » et « Soldier Of 3 Armies » envoient méchamment le bois sur scène. C’est le tube « Primo Victoria » extrait du second album du même nom qui permet à ce set millimétré de conclure les hostilités pour cette première journée.
Pour ma part, je m’arrête là car il me faut garder du jus pour les deux journées à venir. Le secret d’un festival réussi – côté festivalier – c’est aussi de fonctionner à l’économie, surtout si l’on veut profiter à fond de ce que l’événement a à nous offrir. Une dernière bière et dodo.