La première semaine de la vie est une période cruciale pour le nouveau-né et sa mère. D’un autre côté, écourter d’une journée les séjours en maternité permettrait d’économiser 280 millions d’euros. Une piste d’économie pour le budget de la Sécurité sociale 2015, proposée par l’Assurance-maladie dans un rapport dont le Figaro a eu copie. Une pratique que l’Académie de médecine a déjà jugée à risque, en 2010.
La sortie précoce de maternité est une pratique qui peut exposer le nouveau-né et sa mère à des risques accrus de morbidité et à des retards de diagnostic, en particulier dans les familles à risque médical ou social. L’Académie nationale de Médecine avait constitué un groupe de travail sur » la première semaine de la vie » et déjà alerté sur le sujet les personnels et les services de santé concernés à propos du repérage des ictères nucléaires chez le nouveau-né.
De nombreuses affections sévères sont susceptibles de se manifester dans les premiers jours de la vie, telles que les troubles alimentaires, liés aux échecs de l’allaitement maternel et à l’augmentation de la fragilité vis à vis de l’infection, l’hyperbilirubinémie avec risque d’encéphalopathie ou ictère nucléaire, les infections materno-fœtales dont nosocomiales, les défaillances cardio-circulatoires dans certaines cardiopathies congénitales, les troubles consécutifs à l’imprégnation médicamenteuse anté ou périnatale, les affections congénitales et les anomalies orthopédiques… Un temps d’adaptation néonatale, soit 3 à 5 jours après la naissance semble donc incompressible.
Laisser au nouveau-né le temps de s’adapter : Alors que le nouveau-né traverse durant les premiers jours une période d’adaptation à la vie extra-utérine avec nombre d’ajustements fonctionnels, métaboliques, respiratoires et circulatoires destinées au maintien des fonctions vitales, l’observation attentive et le repérage du moindre dysfonctionnement est nécessaire durant les premiers jours de vie.
Pourtant les sorties précoces, avant 3 jours révolus, sont de plus en plus fréquentes, représentant aujourd’hui plus de 7 % des naissances, vs 3 % des naissances de 1994 – 1997. Conséquence, 4% des sorties nécessitent ensuite une ré-hospitalisation. Une tendance qui s’explique par les fermetures des petites maternités, la diminution du nombre de lits en maternité alors que le nombre de naissances augmente et la tarification à l’activité (T2A). Pourtant, selon la Haute Autorité de Santé, l’adaptation à la vie extra-utérine s’étend sur un minimum de 5 jours et une sortie dans des conditions optimales pour le nouveau-né devrait se situer à partir de la 72e heure après la naissance pour la majorité des enfants, tout en restant individuellement déterminée par un bon état de santé de la mère et de son nouveau-né et par les capacités de la mère à s’occuper de son enfant et par les possibilités de suivi à domicile. Alors, si l’on regarde les données de l’OCDE, soit un séjour moyen de 4,3 jours pour un accouchement normal, la question d’une sortie à 72 heures se pose, sous condition que tous les critères de sécurité soient bien réunis et que la mère y soit bien préparée.
Sources :
Académie nationale de Médecine Rapport1, Rapport 2
HAS Sortie de maternité après accouchement
(Visuel OCDE)