Imposée aux communes qui doivent la financer sans que l’Etat soit capable de mettre en avant une seule étude montrant un vrai bénéfice pour les enfants, cette réforme des rythmes scolaires est un non sens.
A Saint-Maur nous n’avons pas attendu Vincent Peillon ou Benoit Hamon pour mettre en place des activités dans la journée scolaire des enfants. Pas attendu non plus pour avoir une offre périscolaire de qualité qui soit adaptée par son amplitude horaire et les tarifs demandés aux familles. Pas attendu non plus pour avoir des activités sportives et culturelles riches assurées par des associations de qualité. C’est tout cela qu’il nous convient de conserver et qui a motivé notre opposition à la réforme.
Nous avons proposé, avec le soutien des conseils d’école, des solutions alternatives qui prenaient en compte cette spécificité Saint-Maurienne. Mais le gouvernement reste bloqué sur ses fameuses « 5 matinées travaillées », au point d’en faire le nom du site qui parle de cette réforme. Ces matinées de travail étant la dernière pierre inamovible il est désormais impossible d’espérer une solution qui satisfasse nos besoins avant la rentrée et les futures décisions de justice. Les parents ont été nombreux à demander à la Ville de leur indiquer le calendrier de l’an prochain, ainsi que les associations inquiètes pour leurs activités et les inscriptions.
Il nous a fallu prendre une décision qui prenne en compte tous les paramètres : l’intérêt des enfants (et donc la nécessité de préserver les activités que nous avons mises en place au fil des années et qui sont plébiscitées par tous), la vie associative (qui est riche et apporte beaucoup aux enfants et aux adultes de la ville) et évidemment les finances communales (trouvées dans un état catastrophique suite à la gestion précédente).
- Pour préserver les activités existantes il fallait réduire le moins possible la journée d’école.
- Pour préserver la vie associative il est clair que la solution du mercredi matin travaillé n’était pas la meilleure car en plus des créneaux perdus le mercredi matin s’ajoutaient les nombreux enfants qui resteraient en centre de loisir pour la journée (le double d’actuellement au moins).
- Pour préserver les finances de la ville la différence de coût est telle que le samedi s’impose. Entre le mercredi et le samedi c’est plus d’un million d’euros d’écart par an ! En effet, le surcout est lié au fait qu’il faut transformer les écoles en accueils de loisirs, recruter plus de 100 animateurs supplémentaires, accueillir plus du double d’enfants à la cantine, etc. (voir tableau comparatif en bas de l’article).
Enfin, en cas de succès des recours déposés, le samedi matin permettrait un retour en arrière instantané.
C’est en tenant compte de tous ces paramètres qu’a été faite la demande dérogation pour une matinée de 2 h le samedi matin de 9h30 à 11h30 et donc la réduction de chaque journée de classe de 15 minutes matin et midi. Les temps de garderie du matin et du soir, ainsi que l’étude étant évidemment maintenus.
Je sais que les parents s’étaient exprimés dans un sondage fait par la précédente municipalité en faveur du mercredi matin, mais leur avait-on demandé s’ils étaient prêts à financer le surcoût de plusieurs centaines d’euros par an (plus de 500 € pour deux enfants par an) sans activité périscolaire supplémentaire ? Dans les conseils d’école, et j’ai participé à de nombreux conseils sur le sujet, le samedi matin a clairement été plébiscité par les enseignants et de nombreux représentants de parents d’élèves quand était évoquée la possibilité d’une matinée travaillée pour tous les élèves.
J’ai été de ceux qui se sont battus pour faire disparaitre l’école le samedi matin, je suis conscient que cela permettait un moment partagé entre les parents et les enfants auquel tous tenaient. Mais cette réforme ce n’est pas la ville de Saint-Maur qui l’a voulue, ni même une équipe municipale, c’est le gouvernement, et qui a en plus chargé les communes de la faire appliquer et de la fiancer. Ce gouvernement est incapable de s’attaquer aux vrais maux de l’école, allant même jusqu’à annoncer vouloir désormais supprimer les mauvaises notes à l’école ou relever les notes du BAC.
Je vois également les opposants politiques se lancer dans l’apologie du mercredi matin sans prendre en compte les coûts et le problème dans sa globalité. Pire, certains vont nous ressortir les hypothétiques ateliers fantasmés par le maire précédent qui a laissé croire aux parents que l’on pourrait créer des ateliers dans des écoles sans le début d’une salle où les réaliser ni d’un budget pour les financer (les services municipaux ont estimés ces projets à près de 3 millions d’euros par an).
Nous avons des activités de qualité, déjà mises en place pour tous les élèves, qui sont validées pédagogiquement par l’éducation nationale, et réalisées par des professionnels compétents : c’est cela que nous devons pérenniser.
Ce qui m’énerve enfin dans cette réforme imposée et bâclée par le gouvernement c’est que notre ville va devoir dépenser, même en ayant choisi la solution la moins onéreuse, des centaines de milliers d’euros tous les ans. Cet argent nous aurions pu l’utiliser autrement dans l’intérêt des enfants, notamment de ceux qui sont le plus en difficulté pour lesquels nous faisons déjà beaucoup, là où l’Education Nationale (et non les enseignants) refuse de faire un véritable effort. J’espère que dès la rentrée prochaine les recours juridiques aboutiront et que nous pourrons revenir au rythme actuel par la simple suppression de l’école le samedi matin.