Ostie était le port de la Rome antique, situé à l'embouchure du Tibre, à 35 km de la ville (du fait de l'ensablement, le site se trouve désormais à l'intérieur des terres). Abandonnée à la fin de l'Empire romain, elle conserve des rues et des bâtiments antiques, en particulier des entrepôts, des boutiques, des sanctuaires et des immeubles d'habitation, parfois sur une hauteur de plusieurs étages.
Elle est parfois confondue avec l'actuelle ville d'Ostie qui se trouve non loin de là sur le littoral, ainsi qu'avec la localité d'Ostia Antica qui se situe à proximité.
Période archaïque
Selon Virgile, c'est à l'embouchure du Tibre, sur le site d'Ostie que le prince Énée, fuyant l'incendie de Troie, aurait débarqué et implanté un fort. Selon la tradition romaine, la ville aurait été fondée vers -640 par Ancus Marcius, quatrième roi légendaire de Rome.
Les recherches archéologiques ne font cependant pas remonter l'existence d'Ostie au-delà de -335. On y relève les traces d'un castrum.
Période romaine
En -267 est instituée la questure d'Ostie, chargée de l'acheminement du ravitaillement depuis la mer jusqu'à Rome : cette date marque le départ de la transformation de la petite citadelle en une véritable ville romaine, plus grande, entourée de nouveaux murs.
À l'époque républicaine, la ville est seulement considérée comme l'emporium (le comptoir) de Rome, avec ses nombreuses boutiques et ses entrepôts. D'élégantes maisons sont construites, tandis que les rues sont ornées de colonnades. La population à la fin de la république peut être estimée à environ 10 000 habitants.
Le développement du luxe à Rome engendre de nouvelles importations : au dernier siècle de la république romaine, de riches aristocrates décorent leur maison de marbres venus de Numidie ou de l'île de Chio, puis Auguste et ses successeurs font venir d'Égypte de grandes quantité de marbre, d'onyx, de basanite, de granite. D'exceptionnels transports sont réalisés sous Auguste et Caligula avec l'arrivée d'obélisques entiers en granite.
Port de Claude : L'augmentation du trafic rend insuffisant le mouillage naturel d'Ostie, par ailleurs difficile en raison des bancs de sable, et l'empereur Claude fait construire, à partir de 42, un nouveau port à environ trois kilomètres au nord, le Portus Claudii. Un grand bassin artificiel alimenté et drainé par un canal dérivé du Tibre est inauguré en 46. Une nouvelle ville, Portus, se développe autour du nouveau port, au détriment d'Ostie.
Port de Trajan : Le nouveau port est cependant plus exposé aux lames lors des tempêtes. Tacite rapporte qu'en 62, une tempête envoie par le fond environ deux cents navires. Aussi l'empereur Trajan fait-il construire à son tour un nouveau port, le Portus Traiani, plus fonctionnel et un peu plus en retrait. Les travaux furent menés de 100 à 112, pour aménager un bassin hexagonal relié au Tibre par un nouveau canal, la « fosse Trajane » (aujourd'hui canal de Fiumicino), et à Rome par la Via Portuensis. De nouveaux grands magasins à étage et des entrepôts sont construits. Tous les produits du monde méditerranéen antique y sont stockés : les produits et objets courants (chandelles, torches, cahiers de parchemin, rouleaux de papyrus) ; les denrées alimentaires (poivre et épices, quintaux de blé, amphores de vin, jarres d'huile d'olive), les vêtements, les matériaux de construction. Si les amarrages sont mieux protégés, la navigation reste dépendante de la belle saison, et la circulation maritime s'interrompt chaque année à mi-novembre.
Ostie est au faîte de sa prospérité, aux IIe et IIIe siècles. L'estimation de sa population se situe entre 27 000 habitants selon les uns, jusqu'à 60 000 pour d'autres.
L'afflux de population dû aux travaux de Trajan et à l'essor de l'activité entraîne la construction de grands immeubles d'habitation à plusieurs étages. Hadrien lance d'importants programmes d'aménagement dans le centre, fournit les marbres pour le nouveau Capitole, finance à hauteur de deux millions de sesterces les thermes de Neptune et fait reconstruire le quartier de la caserne des vigiles. En 180, l'empereur Commode fait construire le nouveau théâtre d'Ostie. Puis, de 203 à 217, Septime Sévère et Caracalla font agrandir et rénover le théâtre et la place des Corporations, où se pressent les bureaux des marchands, armateurs et banquiers.
La crise du troisième siècle provoque un ralentissement de l'activité commerciale et portuaire. Mal entretenu, le port d'Ostie tend à s'ensabler, tandis que Portus est moins touché par le marasme économique.
Au début du IVe siècle, Constantin Ier prive Ostie de son autonomie administrative, au profit de Portus : c'est le début d'une lente décadence. L'activité d'Ostie diminue, et de nombreuses maisons à étages destinées à l'habitat populaire sont transformées en luxueuses résidences pour l'aristocratie.
Au VIe siècle, Ostie n'a plus de murailles, et la route terrestre d'Ostie à Rome n'est pas entretenue. Face à la menace des pirates sarrasins, Ostie est abandonnée. En ruines, Ostie s'ensable, tandis qu'au fil des siècles, les alluvions du Tibre repoussent le rivage. Une inondation modifie le cours du Tibre, raccourcissant la boucle qu'il formait en amont d'Ostie, et érode une partie nord du site.
La cité antique demeure à l'abandon, mais ne tombe pas dans un oubli complet. Les besoins de la Rome de la Renaissance provoquent la récupération de marbres antiques comme matériau de décoration ou comme aliment des fours à chaux...
Le XVIIIe siècle voit le développement de l’intérêt pour l’art antique, et les fouilles clandestines ou autorisées font la chasse aux belles œuvres qui partent en Angleterre ou dans les musées du Vatican. Sous l’impulsion du pape Pie VII, les premières fouilles à vocation archéologique commencent en 1802-1804, et se poursuivent par intermittence avec la restauration de ce qui est encore debout. C'est également au XIXe siècle, à la suite des travaux de bonification des salines, qu'une ville moderne homonyme est construite à proximité. La période mussolinienne pour des raisons idéologiques (retrouver le souvenir de la grandeur de Rome) mène des travaux d’ampleur de 1938 à 1942 mais avec des méthodes hâtives et peu scientifiques et des restaurations excessives. Les diverses secteurs fouillés sont réunis en seul tenant, la superficie visible double, sensiblement la surface actuelle, et le plan de la ville antique est établi pour les deux tiers de son extension d'autrefois.
Les travaux archéologiques se poursuivent à notre époque, et font l’objet de communications régulières.
A voir un jour
D'après Wikipédia