Comme vous avez pu le remarquer, ce site tâche de varier les sujets qu’il présente ainsi que la forme de ses articles. Après un texte relativement long sur la musique des lansquenets, voici l’articule de la semaine, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que le sujet ait un intérêt moindre : nous allons visiter ensemble l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie.
A deux pas du Temple, et à quelques encablures de la place de la république se dresse une petite et jolie église. Elle est placée sous le vocable de Sainte Elisabeth de Hongrie, épouse du Landgrave de Thuringe Louis IV, canonisée en 1235, quatre ans après sa mort.
C’est une église relativement récente puisqu’elle date du Grand Siècle. Durant tout son « règne », Marie de Médicis patronne la création de communautés religieuses, contemplatives ou non. Elle soutient notamment la fondation des religieuses de sainte-Elisabeth, de spiritualité franciscaine, dont les premières prises d’habit ont lieu le 30 mai 1616 et qui s’installent près du Temple. En 1627, elles sont déjà 57 et leur couvent et chapelle s’avèrent alors trop étroits. Le 14 avril 1628, la reine pose la première pierre du nouvel édifice. Les travaux sont réalisés par les architectes et maîtres maçons Louis Noblet et Michel Villedo (à qui l’on doit une partie de Vaux-le-Vicomte, quand même !). En 1631, les travaux s’arrêtent, faute d’argent et reprennent en 1643. Achevée en 1646, elle sert d’église conventuelle jusqu’à la Révolution, pendant laquelle, elle est transformée en magasin de fourrages, la communauté ayant disparue dans la tourmente. A la différence des bâtiments conventuels, détruits en 1792, l’église est réouverte au culte en 1802 et devient église paroissiale pour le quartier du Temple. L’actuel chœur néo-gothique est érigé sous la Restauration, ainsi qu’un second collatéral. Au milieu du XIXe siècle, Baltard (celui du pavillon des Halles!) restaure la façade de style « baroque sage », mais le percement de la rue de Turbigo ampute l’église de l’une de ses chapelles, placée au fond de l’abside. Depuis sa création, le visage de l’église a bien changé, néanmoins son architecture est très homogène et équilibrée, malgré son histoire tourmentée.
Je vous recommande d’observer particulièrement :
- les panneaux de bois présents dans le déambulatoire. Datant du XVIIe siècle et provenant de l’abbaye Saint-Vaast d’Arras, ce sont de petits bijoux de sculpture sur bois.
- l’orgue où plutôt les orgues car il y en a deux. Les grandes orgues sont construites en 1853 par le facteur Suret. Elles comportaient à l’origine 39 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier. Reconstruit par Gutschenritter en 1955 et entièrement restauré de 1994 à 1999, l’instrument est puissant. Le buffet est imposant mais l’ensemble est harmonieux. L’orgue de chœur, plus modeste est un instrument monté par Joseph Merklin (qui n’est pas n’importe quel facteur…).
- la décoration et le mobilier, avec un autel majeur datant de 1848. Les fresques et peintures sont très peu baroques et sentent bon leur XIXe, mais ne sont pas laides pour autant.
- les statues de la façade, du XIXe : Saint Louis, Saint François d’Assise, Sainte Elisabeth et… Sainte Eugénie (avec les traits de l’impératrice ?).
- les vitraux, notamment les grandes verrières d’Abel de Pujol, provenant de la chapelle détruite positionnées actuellement sur le bas-côté droit.
Autre spécificité : Sainte-Elisabeth sert depuis 1938 d’église conventuelle pour l’Ordre de Malte, les chevaliers se plaçant dans les stalles du chœur pour le chant des offices. La décoration de l’église porte la marque de cette présence et donne à l’église une atmosphère tout à fait particulière. L’église accueille également une communauté chinoise.
Comme la plupart des églises parisiennes, elle est ouverte toute la journée, alors n’hésitez pas ! Ca vaut vraiment le coup d’y faire un tour.
http://www.sainteelisabethdehongrie.com/
Quelques vues