En pointe dans l'automobile électrique, la firme Tesla Motors a renoncé à l'exclusivité sur ses brevets, autorisant de factoses concurrents à utiliser librement ses technologies. Cette décision, rarissime dans les secteurs industriels et technologiques où la chasse gardée aux brevets fait foi et bride souvent l'innovation, a été expliquée par son très populaire dirigeant Elon Musk sur le blog de la firme:
"Dans l'entrée de l'entreprise Tesla, il y avait un mur recouvert de brevets, ce n'est plus le cas. Ils ont été enlevés dans l'esprit du mouvement "Open Source" pour faire avancer la technologie des voitures électriques. Tesla a été créé pour accélérer l'avènement du transport durable. Mais déposer des brevets, c'est comme laisser des mines derrière nous pour inhiber les autres, ce qui est contraire à notre objectif. Nous avons créé des brevets par crainte que les grands constructeurs utilisent leur plus grande puissance pour submerger Tesla. La triste réalité est à l'opposé. Les programmes de voitures entièrement électriques sont généralement de petite taille, voire inexistantes, constituant le plus souvent moins de 1% de leur production totale. Notre concurrence n'est pas les quelques autos électriques qui concurrencent Tesla. Ce sont l'énorme flot de voitures à essence qui sort chaque jour des usines du monde entier. […] Tesla ne va intenter aucune poursuite judiciaire sur la base de brevets contre toute personne qui, de bonne foi, veut utiliser notre technologie."
Cette stratégie horripilante à première vue est grandement inspirée de celle de Google qui a superbement démontré l'atout-maître des applications ouvertes. Après avoir dépensé des millions de dollars dans le développement d'Android, la firme de Mountain View en fit un logiciel libre (sous licence GNU/GPL) qui fut ensuite le vecteur de sa propre expansion et des multiples services Google financés par la publicité et donc gratuits pour l'utilisateur final. En quatre ans, Android est devenu le système d'exploitation mobile de plus de 75% des smartphones et tablettes vendues dans le monde, loin devant iOS (Apple) et Windows (Microsoft).
En réalité, Tesla Motors n'a guère renoncé à la propriété de ses brevets – contrairement à ce qu'impliquerait une véritable stratégie open source – et se réserve donc le droit de les utiliser défensivement contre un concurrent dépourvu de « bonne foi ». Cependant, la firme de Palo Alto instaure un accord tacite avec ses concurrents en plus d'un échange de bons procédés qui lui offrent des circonstances favorables pour devenir la meilleure sur le futur marché en expansion des véhicules électriques plutôt qu'être confinée à un monopole de niche.
Produit phare de Tesla Motors, la technologie Supercharger ajoute une autonomie de 273 km à une voiture électrique en une demi-heure. En implémentant librement et massivement cette technologie dans leurs véhicules, les constructeurs automobiles devront nécessairement construire des stations de recharge compatibles et, consécutivement, étendront le réseau Supercharger, à l'instar de la croissance organique qui consolida la position d'Android sur les terminaux mobiles. Parallèlement, la stratégie de Tesla Motors attirera probablement une galaxie d'ingénieurs et d'inventeurs prompts à booster une innovation ouverte dédiée aux véhicules électriques, comme ce fut le cas pour celle de Google qui attira une galaxie de développeurs et de geek branchés Android.
Pas à pas, l'industrie automobile donnerait naissance à environnement technologique et à des normes hautement propices pour la voiture électrique. Selon Elon Musk, plus de deux décennies seront nécessaires pour remplacer le parc mondial des véhicules à essence par des véhicules électriques.
PS : Saviez-vous l'atelier et garage souterrain dans la résidence de Tony Stark / Iron Man est en réalité celui de Elon Musk ?