Début juin, j’assistais à la « grand messe du web », version nantaise, le Web2day.
Ce festival du numérique qui compte parmi les temps forts du digital en France, juste après LeWebParis, a réuni 1800 personnes sur 3 jours, quelques dizaines de conférences, un concours de startup et deux soirées animées.
Et quoi de plus naturel à cette occasion que de faire la lumière sur les opportunités de carrière pour les femmes dans le numérique ?
C’est ce que nous promettait la table ronde du vendredi 06 juin, intitulée « L’innovation : une opportunité à ne pas rater pour les femmes ».
Animée par Eric warin, directeur du CCO, elle réunissait les représentants d’associations de femmes actives dans l’univers du numérique et du web avec Samantha Jérusalmy, Investment Manager chez ELAIA Partners, Isabelle Simon, Directrice des relations régionales de SFR, Jean-François Garreau, Co-fondateur du GDG Nantes et porte parole de WIT (Women in Technology) et Najette Fellache, CEO de Speechme et animatrice du réseau féminin Women@Nantes, cette table ronde s’est consacrée au potentiel des femmes dans le monde du digital et des nouvelles technologies.
Pour (re)voir la table ronde dans son intégralité : cliquez ici
Premier constat et enseignement que je tire de cette discussion sous forme de débat, c’est que la parité et la manière dont celle-ci est appliquée ou souhaitée entraine un certain nombre de divergences de points de vues.
Faut-il des quotas de femmes pour, dans un monde imparfait du pouvoir managérial où la femme a encore peu sa place, qu’on puisse vite faire évoluer les situations et voir plus de féminité dans un paysage encore très masculin ?
Faut-il faire évoluer la situation en prenant le problème à la source, c’est à dire dès le plus jeune âge, en sensibilisant les filles aussi à la technologie, aux matières scientifiques et en assurant la promotion de modèles, pour les inspirer et les inciter à s’orienter vers des carrières techniques/technologiques ?
Dans un cas, on agit de manière arbitraire et imparfaite pour que la transition puisse se faire dès aujourd’hui, dans l’autre on construit l’avenir, plus sereinement.
Je dirais pour ma part que la réponse se trouve dans les deux solutions évoquées précédemment. Il faut agir maintenant et comme l’a souligné très courageusement Isabelle Simon, chez SFR, à compétences égales, on privilégie une femme pour un poste à responsabilités. 60% des promotions sont attribuées à des femmes chez SFR.
De quoi créer une levée de boucliers, me direz-vous !
L’injustice est davantage tolérée quand elle est acceptée (subie) de longue date, quand elle relève d’une pratique culturelle. Les hommes sont encore leaders dans les postes clés des entreprises du secteur technologique/digital. C’est injuste aussi pour 50% de la population (les femmes). Pourtant, cela semble tout naturel parce que la société repose sur un modèle où les hommes sont reconnus comme davantage « sensibles » aux new tech que les femmes, et que ces dernières restent davantage reléguées à des postes d’assistantes.
On compte aujourd’hui environ 20% de femmes dans le numérique (10% des femmes créatrices de société innovantes)
Les raisons évoquées durant la table ronde Web2day : d’abord et encore les femmes, qui n’osent pas aller vers ces secteurs et aussi le plafond de verre, qu’elle s’imposent souvent elles-mêmes.
Le manque de modèles féminins et également le modèle sur lequel repose l’éducation (à la maison, à l’école) y sont pour beaucoup. Rares sont les petites filles auxquelles les papas montrent comment réparer la tondeuse à gazon et rares sont les petits garçons auxquelles les mamans apprennent à plier le linge propre (en attendant une innovation technologique qui permettra de s’en affranchir…).
A l’école, peu d’étudiantes s’orientent vers des formations technologiques. Dans le digital, même constat. Les femmes se font rares dans les fonctions de développeur web. « Effectivement, il n’y a aucune femme dans l’équipe de developpeurs », témoigne Jean-François Garreau, Co-fondateur du GDG Nantes et porte parole de WIT (Women in Technology).
Isabelle Simon, SFR, ajoute qu’au sein de son groupe, si l’on compte 40% de femmes et 60% hommes, l’écart se creuse pour ce qui concerne les postes de cadres avec 30% de femmes et 70 % d’hommes et encore davantage s’il on considère les postes liés à la technologie, avec 20% de femmes seulement. Ce, malgré des programmes très soutenus contre la discrimination.
Côté finances et fonds d’investissements technologiques, Samantha Jérusalmy, Investment Manager chez ELAIA Partners nous laisse entendre que la situation évolue, tout naturellement, dans le bon sens.
« On sent une évolution, même si nous sommes encore loin de la parité », souligne Samantha Jérusalmy. « Je pense que pour l’économie numérique, dans les biotech, les Medtech ou les cleantech les femmes sont plus nombreuses que dans le numérique ». Elle ajoute : « Quand on a des modèles, notamment pour les innovations d’usage où les femmes sont plus présentes, on se dit que nous aussi on peut le faire. Il y a moins de projets portés par les femmes, mais on ne fait pas de discrimination sur les dossiers selon si c’est un homme ou une femme ».
Les reseaux au feminin : a quoi ca sert dans les NT ?
Il existe de nombreux réseaux par rapport à d’autres secteurs d’activités. On relève en effet dans ce domaine un besoin fort de la part des femmes d’échanger des bonnes pratiques. « Le numérique est un métier qui évolue beaucoup. L’entreprenariat dans le numérique nécessite de partager, de se former, d’échanger des bonnes pratiques » explique Najette Fellache, CEO de Speechme et animatrice du réseau féminin Women@Nantes.
En France, il existe plusieurs associations qui fédèrent les femmes dans le domaine du numérique et de la high tech. Parmi elles, « Girls in tech », une association créée à San Francisco, présente en France à Paris et qui vise à mettre en valeur les femmes et les parcours dans la technologie afin d’encourager la mixité dans un milieu traditionnellement masculin.
Le fait de savoir que c’est possible et de voir qu’il y a de plus en plus de femmes modèles permet à la société d’avancer et d’avoir des femmes qui se positionnent sur des postes de management, nous indique Najette Fellache, CEO de Speechme et animatrice du réseau féminin Women@Nantes.
Zoom sur le réseau Women@Nantes
Ce jeune réseau lancé en 2014 regroupe les femmes du numérique nantais : Entrepreneuses, porteuses de projet ou consultante dans le domaine du numérique. women@nantes a pour mission de favoriser l’entrepreneuriat dans le domaine du numérique et d’être un lieu d’échange et de partage de bonnes pratiques.
L’équipe organise notamment un évènement une fois par mois pour rassembler les entrepreneuses du numérique et celles en devenir.
Le numérique : un milieu « women-friendly » ?
Le milieu du numérique est particulièrement accueillant pour les femmes en top management. On y compte deux fois plus de femmes dirigeantes comparativement au reste de l’économie (4 cadres dirigeants sur 10 sont des femmes dans le digital contre 2 sur 10 dans le marché général selon le baromètre réalisé par Hay Group et ACSEL).
Les raisons évoquées lors de la table ronde : on peut plus facilement gérer son temps, l’organisation est plus simple au niveau des modes de travail, des outils…
Il est aussi possible de démarrer avec peu de moyens (start-up web). Le numérique peut permettre de passer le cap de l’entreprenariat avec une meilleure gestion de l’équilibre vie pro et vie perso.
Quelques chiffres sur les femmes dans la high tech :
17% des femmes dans les écoles d’ingénieurs
50% dans les filières scientifiques
Les femmes représentent 10% des dirigeants d’entreprises innovantes nouvellement créées.
Selon une étude publiée par la Commission Européenne l’an dernier, seules 20% des femmes diplômées du secteur des TIC travaillent dans ce même secteur.
Et pour poursuivre la réflexion :
Un livre : Elles ont réussi dans le digital : http://www.huffingtonpost.fr/marine-deffrennes/success-story-femmes-digital_b_4994127.html
Le digitale, une source d’opportunités pour les femmes : http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/aides-reseaux/dossiers/femmes-creatrices-entrepreneures-2014/catherine-barba-le-digital-une-source-d-opportunite-pour-les-femmes-60861.php
Le digital a besoin de femmes : http://www.terrafemina.com/culture/culture-web/articles/23432-le-digital-a-besoin-des-femmes.html
Plus d’opportunités pour les femmes dans le digital : http://businessofeminin.com/les-femmes-mieux-payees-representees-dans-le-digital/