Une étude conclut à l'accélération du déclin de toutes les espèces d'insectes depuis les années 1990. Abeilles, bourdons, papillons ou vers de terre sont les plus touchés
L'inquiétante mortalité qui touche les abeilles n'est qu'un élément d'un mouvement de destruction des espèces bien plus vaste dans le monde, selon les chercheurs.© PHOTO ILLUSTRATION LARTIGUE STEPHANE
Un déclin rapide et inquiétant touche toutes les catégories d'insectes "bénéfiques" du monde.
Et c'est bien plus grave qu'on ne le pensait. Les cas d'hyper-mortalité chez les abeilles ne seraient que des signes avant-coureurs.
C'est la conclusion de l'étude présentée ce mardi par une cinquantaine de scientifiques de 15 nationalités, universitaires ou chercheurs au sein d'organismes publics, membres du "Groupe de travail sur les pesticides systémiques" (Task Force on Systemic Pesticides).
Les chercheurs tirent le signal d'alarme et pointent la nocivité de pesticides très répandus et très utilisés : les néonicotinoïdes, qui ont un impact bien plus important que prévu par leurs concepteurs, les géants de l'industrie phytosanitaire.
Cette étude (disponible en intégralité et en anglais ici) est parue dans la revue "Environmental Science and Pollution Research".
L'un des principaux enseignements de cette étude qui a duré 5 ans estl'accélération du déclin de toutes les espèces d'insectes depuis les années 1990. Principales victimes : les abeilles, bourdons, coccinelles, papillons ou vers de terre, des espèces dites "bénéfiques" pour l'homme, du fait de leur action de pollinisation ou sur la santé des sols. La productivité agricole pourrait rapidement en pâtir, selon les chercheurs.
Cité par Le Monde qui consacre un long article au sujet, Jean-Marc Bonmatin du Centre de biophysique moléculaire du CNRS, membre du TFSP résume : "Les preuves sont très claires. Nous assistons à une menace pour la productivité de notre environnement agricole et naturel. Loin de sécuriser la production alimentaire, l'utilisation des néonicotinoïdes met en péril les pollinisateurs qui la rendent possible."
Dans la vidéo ci-dessous (en anglais) des chercheurs du Groupe de travail sur les pesticides systémiques exposent leurs conclusions et font part de leurs inquiétudes :