Le Marchand d’éponges de Fred Vargas & Edmond Baudouin

Publié le 25 juin 2014 par Spleenlajeune

« Un meurtre vient troubler le quotidien de Pi, clochard et vendeur d’éponges à ses heures. Interrogé comme témoin, il fait la connaissance d’Adamsberg, un commissaire aux méthodes déroutantes. La vérité sur l’affaire se dévoile peu à peu, en même temps que se dessine le portrait d’un homme brisé par la vie. » Voilà ce que nous dit la quatrième de couverture.

Petit format version Librio, Le Marchand d’éponges est le fruit de l’adaptation d’une nouvelle de Fred Vargas (que vous connaissez de nom ou pour en avoir déjà lu) par l’illustrateur Edmond Baudouin. Il suffit d’ouvrir le roman graphique pour se retrouver propulsé dans l’atmosphère parisienne. La rue parisienne. Gigantesque. Sombre. Solitaire. Surprenante. Inquiétante. La rue, c’est où vivent Pi et son caddie Martin. Pi, c’est un vendeur d’éponges. 1 euros l’éponge. Il en 9 732. Le calcul est rapide. Mais ce soir, à vingt-trois heures, il sait qu’il ne vendra plus une seule éponge. C’est ainsi que commence l’histoire de notre héros moderne. Si le roman graphique traite de la rue et d’un de ses habitants, nous ne sombrons pas dans le triste, la misère, la compassion issue de la bienséance. Pi, c’est un vendeur d’éponges et non un arnaqueur. Il fait ses journées de boulot comme tout le monde tout en ayant conscience de sa condition. Un homme brisé par la vie qui est parvenu à se trouver un but, une raison pour se lever chaque jour. A chaque éponge vendu, il obtient un euro, un regard peut-être et un contact humain … car c’est ce qu’il lui manque le plus : n’être qu’un tas de fringues posé dans la rue … Il souhaiterait exister aux yeux des autres. Juste un instant.

Et puis, il y a ce meurtre dont il est le seul témoin. Car, après tout, qui prête attention au tas de fringues posé dans la rue ? Si personne ne le regarde, lui il a tout vu. Et le commissaire Adamsberg attend bien de tout savoir pour résoudre cette affaire. Le commissaire et Pi se rencontrent et quelque chose se passe. On le sent à la lecture ou en posant notre regard sur les dessins. Quelque chose s’est passé entre ses deux hommes profondément humains. Et, c’est ce qui va nous intéresser : leur interaction et non l’affaire policière qui peut être bouclée en deux bulles.

 

Edmond Baudouin et ses illustrations servent à merveille la plume de Fred Vargas et nous dévoile un Paris réaliste où l’on peut mourir sur un trottoir face à l’indifférence la plus totale … où l’on peut rencontrer l’incroyable au coin d’une rue … où il y a encore un peu d’humanité. Bref, un roman graphique qui ne laisse pas indifférent.