Une fois fermé, ce livre aura du mal à vous faire réfléchir à autre chose. Autre chose que la beauté d’un style, autre chose qu’à une intrigue fermement menée pour être au final un petit bijou, autre chose qu’à l’Histoire imposée aux hommes et aux femmes au début du siècle dernier.
C’est sans dire que la couverture à la fois intimiste et pudique mais forte de sens et de force m’a attirée. Le sujet également. Puis, prise au piège de ce très beau roman, je n’en suis sortie qu’une fois que le temps passé sur ce texte me paraissait juste. Quand la dernière page est tournée, impossible de ne pas revenir un peu en arrière et de tourner les talons aux autres…livres.
Pourtant, toute les belles chose sont une fin n’est-ce pas ?
Louise a à peine atteint l’âge adulte quand elle est recueillie par une petite communauté de Lorraine au sortir de la guerre.
C’est l’hiver 1918 et la vie ne lui a pas fait que des cadeaux. Pourtant, quelques mains se tendent et une sage-femme, Anne se propose de lui apprendre les bases de la gynécologie et de l’art de faire naître. De consultation en consultation, les gestes s’apprennent, la confiance se met en place jusqu’à ce que Louise doive faire face à la vie et au village, seule. Sa place au sein de la communauté n’est pas garantie et elle va devoir se battre pour soigner les femmes qui vont venir, malgré leur crainte, la voir et se confier. Même en 1918, la vie peut offrir de belles rencontres…
Un roman qui laisse pantois au fur et à mesure de notre lecture. Rien ne semble être laissé en suspens et tout est minutieusement accordé pour livrer au lecteur une intrigue de qualité, construite à l’aide de fil blanc invisible qui émerveille.
Un style fluide qui permet d’aller au bout sans peine et même si parfois crus, les propos servent l’intrigue de manière magistrale. On imagine parfois certaines scènes et on hésite à aller au bout de la vérité décrite mais pourtant c’est grâce à ces descriptions empreintes de réalité qu’on y croit.
On ne se doute de rien et on apprend!
L’histoire des femmes, de leur rôle lors de la seconde guerre mondiale et plus particulièrement lors de la reconstruction est très bien approfondi, des détails insoupçonnés nous sont révélés et on se dit qu’on a bien fait d’ouvrir ce livre.
Un pan de la société française, des enjeux sociaux, économiques et politiques y sont mis en exergue pour donner au texte une teneur authentique. Plus encore qu’une fiction, n’ayez doute, vous ouvrirez sur l’histoire de France une belle boite de Pandore. Une belle réflexion sur la contraception, l’avortement illégal et les risques qu’encouraient les sage-femmes de l’époque.
Et pour ne rien gâcher, Nathalie Hug a travaillé avec finesse et beauté ses personnages auquel on s’attache sans douter une minute.
Bravo à elle pour ce très beau texte.
1 rue des petits-pas, Nathalie Hug, Calmann-Lévy, 2014