Deux ans après leur inaugural EP révélé notamment par la troublante vidéo de You Left Me (lire), la chanteuse et comédienne parisienne Laurence Strelka et le guitariste canadien Denma Peisinger s’invitent à nouveau dans la fantasmagorie de nos nuits, conjuguant sous le patronyme d’Hey Mother Death la subversion imagée héritée d’Alejandro Jodorowsky à la vision de l’étrange de David Lynch. Le bien nommé LP Highway, sorti digitalement le 24 juin dernier et en précommande par ici via le label du groupe, s’insinue tel un voyage noctambule, entre chuintements et crissements, et funambule, perché à la frontière d’un magma de sous-genres – ambient, spoken word, no wave, psychédélisme – , dans les abîmes d’un désenchantement dépouillé de mélancolie et de sentimentalisme. Les mots flottent en français ou en anglais, donnent un sens qui se perd aussitôt, la guitare souligne et disparaît, de fantomatiques boîtes à rythme caressent l’oreille avant de s’effacer dans l’incommensurable et l’énigmatique. Cette mystérieuse alchimie tient à peu de chose, mais ce peu de chose s’avère intangible : Highway est disque d’autant plus magnifique qu’il peut être également cédé titre par titre par le duo contre un don a une association caritative à choisir parmi 350.org (Highway), Amnesty International (The Hills), The Global Network of Sex Work Projects (Bad Sex) et The World Wildlife Fund (Snake Power).