Ces experts encouragent, avec cet article, à paraître dans l’édition de juillet de la revue Neurosurgery à une nouvelle vision et à de nouvelles stratégies dans la lutte contre le cancer du cerveau, rejetant le pessimisme ambiant et certains mythes liés à sa prise en charge. Ils recommandent la prise en compte des données et des outils actuels de la science pour optimiser la prise en charge de ces patients. Un rappel de l’opportunité des traitements personnalisés.
Cette équipe de spécialistes, dirigée par un neurochirurgien du NYU Langone Medical Center, remet en cause un certain nombre d’essais cliniques basés sur des hypothèses -qualifiées de dépassées (out-of-date)- ainsi que la tendance de certains cliniciens à appliquer un même protocole à un ensemble de métastases cérébrales issues de différents types de cancer. Des pratiques qui, précisent les auteurs, réduisent les chances des patients. « Il est temps de réfléchir à des soins plus individualisés », résume le Dr Douglas S. Kondziolka, vice-président de la recherche clinique au NYU Langone, directeur du programme Gamma Knife dans le département de neurochirurgie et auteur principal de l’étude.
5 idées fausses qui pénalisent les patients:
1. Faux : Tous les types de cellules tumorales se comportent de la même manière une fois qu’elles se sont propagées au cerveau. Cette simplification du comportement cellulaire sous-entendrait implicitement que différents cancers réagissent de la même manière et répondent à l’identique aux traitements tels que la chimiothérapie ou la radiothérapie. Cela sous-entendrait que tous les patients répondent à l’identique aux traitements et ont le même risque de récidive et le même pronostic de survie. Un mode de pensée erroné donc, qui nie les différences biologiques importantes dans les différents types de métastases cérébrales résultant de différents types de cancer.
2. Faux : Le nombre de métastases cérébrales est le meilleur indicateur de prise des décisions de gestion de la maladie. Une adhésion trop stricte au seul critère quantité, expliquent les auteurs, peut limiter les options thérapeutiques. Doivent également être pris en compte la charge tumorale totale, la taille et la portée des métastases.
3. Faux : Tous les cancers détectables dans le cerveau présentent déjà des micro-métastases, ou des tumeurs récemment formées et trop petites pour être détectées. La preuve scientifique, rappellent les auteurs, suggère le contraire, et le suivi agressivement pour, et le traitement, les métastases cérébrales individuelles peut, en fait, d’améliorer le contrôle de la tumeur et la survie des patients.
4. Faux : La radiothérapie de l’ensemble du cerveau entier (Whole brain radiotherapy (WBRT) est toujours injustifiée car elle entraîne un dysfonctionnement cognitif. Ici, le Dr Kondziolka et ses co-auteurs indiquent que les risques et les bénéfices de ce traitement doivent être évalués pour chaque patient et que de nouvelles études portant sur ses effets cognitifs sont en cours.
5. Faux : La plupart des métastases cérébrales provoquent des symptômes évidents, il est donc inutile de pratiquer un dépistage systématique qui n’affecterait en rien la survie. Les auteurs mettent ici en avant les progrès dans les techniques de dépistage des métastases qui permettent de détecter plus tôt et de traiter plus tôt, avant que les symptômes apparaissent.
En conclusion, c’est un axe « médecine personnalisée » qui est ici privilégié. « C’est le temps d’une nouvelle réflexion et de nouvelles analyses critiques basées sur des données d’essais cliniques bien menés, appariés et en prenant en compte aussi le facteur coût/efficacité. Un appel à se concentrer sur les nouveaux outils de biologie moléculaire et de sous-typage génétique et à se poser la question : « Pourquoi certains patients atteint d’un cancer primaire développent des tumeurs du cerveau et d’autres pas ? ».
Source: Neurosurgery July 2014 doi: 10.1227/NEU.0000000000000354 It Is Time to Reevaluate the Management of Patients With Brain Metastases
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