Les Poings contre les Murs // De David Mackenzie. Avec Jack O’Connell, Rupert Friend et Ben Mendelsohn.
Dépeindre l’univers carcéral avec réalisme, ce n’est pas quelque chose de facile. Kim Chapiron avait réussi à le faire en 2010 avec son brillant Dog Pound. Puis
Jacques Audiard avait brillé avec son Un Prophète mais je crois que ce sont les deux seuls films carcérals abruptes qui m’ont marqué ces dernières années. Ce qui
est dommage dans le sens où c’est un univers tellement riche avec lequel on peut faire tellement de choses. Pour le coup, le film de David Mackenzie est un joyaux brut mettant en
scène un Jack O’Connell (Skins) plus touchant et violent que nature. Si l’acteur est souvent cantonné aux mêmes types de rôles (ce qui est un peu dommage), je
dois avouer qu’il a la tête de l’emploi et qu’il s’inscrit parfaitement dans la direction que prend Les Poings contre les Murs. Rapidement on nous plonge au coeur de la violence
carcéral mais aussi dans un monde où l’on peut choisir deux chemins : s’en sortir ou bien s’enfoncer et passer le restant de ses jours derrière les barreaux. L’originalité de ce film c’est de
mettre un mineur dans une prison pour adultes. C’est un monde bien plus glauque et sinistre que ce qu’avait pu dépeindre Dog Pound par exemple.
Eric est un jeune délinquant violent prématurément jeté dans le monde sinistre d’une prison pour adultes. Alors qu’il lutte pour s’affirmer face aux surveillants et aux autres détenus, il
doit également se mesurer à son propre père, Nev, un homme qui a passé la majeure partie de sa vie derrière les barreaux. Eric, avec d’autres prisonniers, apprend à vaincre sa rage et découvre de
nouvelles règles de survie, mais certaines forces sont à l’œuvre et menacent de le détruire..
Mais justement, l’univers est très réaliste, ne cherchant jamais à aseptiser quoi que ce soit (il y a donc des scènes violentes sans pour autant être traumatisantes non plus). Le but de
Les Poings contre les Murs n’est pas d’être surréaliste et de tomber dans les clichés du genre. Bien au contraire, le film parvient donc à faire quelque chose d’assez sincère et
réussi de ce point de vue là. C’est grâce au scénario de Jonathan Asser (Film 24) qui signe ici son premier film en tant que scénariste. Quant à la mise en scène
de David Mackenzie (Perfect Sense), elle donne parfois l’impression d’être au coeur de cette prison et de partager la terrible vie de ces personnages. Je n’ai
donc pu retenir mes larmes lors de la fin de ce film, une fin bouleversante avec un très joli message. Mais un message qui n’a rien de péjoratif ou encore de facile. Au contraire, le film se
complexifie au fil de son récit, cherchant à creuser la personnalité d’Eric Love, un personnage que l’on ne cerne pas dès les premières minutes de Les Poings contre les Murs. Car
il y a chez lui des choses qui vont nous permettre de comprendre pourquoi il est aujourd’hui ici.
Le but n’est pas non plus de tout expliquer. Les Poings contre les Murs nous raconte donc ce que le héros veut bien nous raconter sur sa propre vie dans une prison. C’est mis en
scène avec aplomb et l’on a souvent l’impression de partager l’horreur de la prison, ce côté ultra cloisonné dont on ne peut pas s’évader et qui donne parfois l’impression que tout le monde peut
décider du sort de n’importe qui à n’importe quel moment. Car c’est comme ça. Je ne sais pas s’il était nécessaire d’achever Les Poings contre les Murs de cette façon mais en
tout cas, cela colle tout de même très bien et c’est tout ce que l’on pouvait attendre de la part du film. Dans le reste du casting on retrouve également un Rupert Friend assez
étrange mais bouleversant et un Ben Mendelsohn que je n’avais pas vraiment l’habitude de voir sous cet angle mais qui apporte au film une vraie sincérité, un message d’espoir
dans un monde où finalement tout est fait pour nous laisser penser au contraire.
Note : 8/10. En bref, un très joli film, brut et fort.