Le Conseil d'Etat se prononce en faveur de la délivrance de Vincent Lambert, mais dans des conditions qui restent cruelles par l'application d'une loi hypocrite et inhumaine
Oui, il faut une nouvelle loi sur la fin de vie. Non, à une loi Leonetti de gauche
Dans sa décision rendue ce mardi, le Conseil d'Etat autorise les médecins du jeune Vincent Lambert à mettre en oeuvre la loi du 22 avril 2005 et les décrets qui s'y rattachent, notamment celui du 29 janvier 2010. C'est ainsi qu'une sédation sera appliquée et que, selon les termes en vigueur, la médecine va se retirer (retrait des sondes). C'est donc l'application du « laisser mourir », selon l'expression même de Jean Leonetti.
Vincent Lambert, sédaté, va donc mourir de dénutrition et de déshydratation. Espérons, dans un souci d'humanité, que cela ne sera pas trop long et trop pesant pour lui et pour ceux qui l'aiment, au premier rang desquels son épouse courageuse, Rachel, et son neveu François.
Jean-Luc Romero, président de l'ADMD, rappelle tout de même la cruauté de ce qu'a enduré Vincent Lambert : des années d'état végétatif, des mois de déchirement familiaux pour se rendre à l'évidence : Vincent Lambert, par un coup du sort tragique, est à la fin de sa vie et il ne sert à rien de maintenir artificiellement ce sursis cruel, contre sa volonté maintes fois exprimée.
Plus que jamais, la loi Leonetti a fait la preuve de son incapacité à régler les difficultés de fin de vie que rencontrent nos compatriotes. Devant ses imprécisions, plus personne ne prend de décision et les familles se déchirent, et c'est à la justice, in fine, qu'il appartient de trancher. Ce n'est pourtant pas son rôle. Il faut donc qu'une nouvelle loi remplace la législation actuelle pour replacer le patient et ses volontés au centre de toutes décisions de fin de vie. C'est ainsi que l'on évitera les drames, c'est ainsi que l'on évitera les conflits d'intérêt. C'est ainsi, enfin, que plus personne ne connaîtra le destin tragique du jeune Vincent Lambert, jeune corps supplicié et empêché de s'éteindre sereinement et dignement.
Par ailleurs, l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité conteste le choix du Gouvernement de confier à Jean Leonetti le soin de modifier la législation sur la fin de vie. Comment celui qui s'est toujours opposé à placer le patient au coeur de toute décision de fin de vie, y compris l'administration d'un produit létal, pourrait-il répondre à la promesse faite aux Français par François Hollande et satisfaire le rapporteur de la proposition de loi relative au droit de finir sa vie dans la dignité que fut Manuel Valls en 2009 ? L'ADMD sera très vigilante au texte qui sera présenté au Parlement. En aucun cas, il ne devra s'agir d'une loi Leonetti de gauche, rédigée dans un consensus mollasson. Il faut une loi de rupture, et pas la énième version de la loi du 22 avril 2005 dont on connaît l'incapacité à trouver des solutions dignes et humaines.