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Réformer le permis de conduire ? chiche !

Publié le 24 juin 2014 par Christophefaurie
Comme de temps à autres, ce blog ouvre ses billets à Serge Delwasse. Aujourd'hui, il réforme le permis de conduire :
Le ministre de l'Intérieur vient d'annoncer une réforme du permis de conduire centrée sur deux axes : l'externalisation de l'examen théorique d'une part, et l'avancement de l'âge de la conduite accompagnée d'autre part. Immédiatement, les syndicats d'examinateurs ont... appelé à la grève ! nous ne sommes pas en France pour rien. Pourtant, cette nouvelle réforme sera, une fois de plus, bien inutile. Nous proposons ici de réellement transformer ledit permis de conduire.
La quadrature du Cercle Le monde a changé. Si l'on vit très bien - par exemple à Paris - sans voiture, il est difficile de vivre sans le permis. Celui qui n'a pas de permis est perçu comme un infirme, voire un (quasi-)délinquant privé de son permis pour des motifs peu avouables : vitesse, alcool, drogue. Et pour travailler, en province, il faut être autonome. Il importe donc que le permis soit le moins cher possible, rapide et D'un autre côté, la société souhaite, à raison, des routes plus sûres. On a donc successivement rallongé la durée de l'examen, augmenté le nombre d'heures de conduite pour passer in fine à 20, augmenté objectivement la difficulté du théorique. On parle maintenant de rajouter une épreuve de secourisme...
Enfin, l'Etat ne souhaite pas augmenter significativement le nombre d'examinateurs. Economies obligent..
Les chiffres sont violents En 2011, par exemple :
  • 740 000 personnes ont atteint l'âge de 18 ans (source insee)
  • 85 000 permis ont été invalidés ou annulés (source ministère de l'intérieur)
  • 742 000 permis B ont été délivrés,
    • pour un coût moyen de 1500 euros (source insee)
    • avec, en moyenne 35 heures de conduite et de 1 à 9 mois
    • et un taux de réussite à l'examen de 55%
Certains vont se former en Lozère, où les délais sont plus courts et le trafic moins complexe qu' à Paris, d'autres en Espagne. Ce sont néanmoins environ 80 000 personnes qui se sont retrouvées sur le marché du travail sans permis. Si l'on multiplie par 45, durée moyenne d'une carrière, on parle d'un déficit à terme de permis de 3,5 millions. A comparer avec les 450 000 (source ONISR, 2010) conducteurs réguliers... sans permis.
Une réforme inutile de plus Que propose le ministre ?
  • externaliser l'examen ou employer des retraités - sorte de réservistes du ministère de l'intérieur : artifice permettant de ne pas embaucher, mais ne générant aucune économie réelle
  • réduire la durée de l'examen pour passer de 12 à 13 par jour : certes, mais pourquoi l'avoir augmenté il y a 10 ans ?
  • passer la conduite accompagnée de 16 à 15 ans. Type même de la mesurette qui n'aura aucun effet.
Il faut donc trouver de nouvelles idées, j'en propose deux.
Offrir le théorique à tous Jusque dans les années 60, l'école, quand on la quittait, vous donnait les armes nécessaires pour vous débrouiller dans la vie : vous saviez lire, écrire, compter. Jusqu'en 1996, beaucoup de jeunes passaient le permis lors de leur service militaire.
Aujourd'hui, les jeunes ne font plus leur service, et on ne peut se débrouiller dans la vie sans savoir conduire. Par ailleurs, l'examen théorique est le type même de l'examen difficile, totalement anti-instinctif, où le bachotage et la concentration sont indispensables. C'est donc à l'école - en fait le collège - de prendre cette formation à sa charge. Sur quel modèle ? Les établissements passent des contrats avec une ou plusieurs auto-écoles. Ainsi ces dernières ne perdent pas de chiffre d'affaires. Et l'examen est inclus dans le brevet (passé en moyenne à 16 ans). Ainsi, on ne trouverait plus de gens, sachant conduire mais roulant sans permis pour cause de théorique trop difficile.
Apprendre la conduite sur simulateur Comment faire ? Agréer un ou plusieurs logiciels, tournant sur un PC avec un ou deux écrans.
Quel impact ? Les 30 heures actuelles pourraient passer à 40, dont 30 de simulateur. Le coût du permis serait divisé par deux. Les moins doués pourraient "faire du rab", à un tarif raisonnable. Le taux de réussite à l'examen n'en étant qu'amélioré. Les auto-écoles verraient leur chiffre d'affaires baisser sensiblement, mais pas leurs marges, le coût marginal de l'heure de simulateur étant quasi-nul (un instructeur pouvant superviser plusieurs élèves à la fois.
Pas possible ? Si l'on peut apprendre à piloter un avion de chasse, un A380, un TGV, voire un pétrolier, sur simulateur, il me semble difficile de soutenir que ça ne serait pas possible pour une voiture. Cela vaut en tous cas le coup d'essayer... Car crash 1.jpg
« Car crash 1 » par ThueTravail personnel. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons

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