Exposition « Le pain dans la Grande Guerre » au Musée du Compagnonnage de Tours, du 1er juillet au 14 septembre 2014.

Par Jean-Michel Mathonière

EXPOSITION « LE PAIN DANS LA GRANDE GUERRE »

Musée du Compagnonnage de Tours

1er juillet – 14 septembre

Que nous  raconte cette exposition ? A partir de près de 200 documents d’époque présentés sur 35 panneaux grand format  (118 x 84 cm) et 3 kakémonos, l’exposition évoque le pain durant la première guerre mondiale. Le pain était encore en ce début de XXe siècle l’aliment de base de la population, toutes catégories sociales confondues (par personne et par an il en était consommé 328 kg contre 58 kg aujourd’hui), aussi les armées ont-elles été confrontées à l’obligation d’en fabriquer durant plus de quatre ans pour près de  4 millions de soldats français et autant en Allemagne.  La priorité leur a été donnée lorsque les ressources en farine ont commencé à diminuer en raison du manque d’ouvriers pour ensemencer et moissonner, et du blocus alimentaire en Allemagne.

Tout ce qui concerne le pain et la boulangerie durant plus de 4 années de guerre est évoqué, à la fois de façon chronologique (avec les grandes batailles de la Marne, de Verdun, des Dardanelles, de la Somme), et de façon thématique.

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Le pain des soldats : sa composition, sa fabrication (dans les « stations-magasins » et sur les zones de combats), les fours mobiles et portatifs, le ravitaillement, le biscuit de guerre. Le pain des poilus, mais aussi celui des « Boches », le fameux « pain K.K. » (Kartoffelriegsbrot : pain de guerre à la pomme de terre).

La propagande : au bon pain français, envié de l’ennemi, s’oppose l’infâme « pain K.K. », qui donne lieu à une déferlante de cartes postales, de caricatures et de chansons scatologiques, pour se moquer de l’ennemi.

Le pain des combattants venus d’ailleurs : celui des colonies françaises (africaines, indochinoises, néo-calédoniennes) et du Commonwealth (les différents peuples de l’Inde, avec leurs contraintes alimentaires d’ordre religieux). Le pain des alliés russes puis des Anglais et enfin des Américains n’est pas oublié.

Le pain des prisonniers : les Allemands en France, les Français et les Russes en Allemagne. Les armées ont l’obligation de nourrir des milliers de prisonniers, mais leur ration alimentaire est réduite, surtout en Allemagne, affamée à cause du blocus.

Le pain des populations civiles : les paysans sont mobilisés, les chevaux,  les semences et les engrais manquent, si bien qu’en 1917 sont mises en circulation des tickets de pain. La population civile est rationnée. Celle des zones occupées souffre encore plus de la malnutrition. Mais celle de l’Allemagne connaît, elle, une véritable famine due au blocus décrété par les Alliés.

Des destins individuels : celui de Madeleine Daniau et de son frère André, à Exoudun (Deux-Sèvres), qui à 14 et 11 ans pétrissent et cuisent le pain à la boulangerie familiale, leur père étant mobilisé. Madeleine Daniau devient « la petite boulangère d’Exoudun » ; elle fait la une des journaux de l’époque et de lectures dans les écoles ; épuisée, elle meurt à 20 ans deux ans après l’armistice. Destin aussi celui de Désiré Chartier, le compagnon boulanger qui abuse de l’eau-de-vie, est hospitalisé et échappe à l’offensive meurtrière du Chemin des Dames. Ou encore celui de Constant Edeline, autre compagnon boulanger qui exerce son métier à bord d’un navire de troupes aux Dardanelles.

L’après-guerre : les compagnons et aspirants boulangers du Devoir, du Devoir de Liberté et des Devoirs Unis perdent 101 de leurs membres, soit près d’un quart des jeunes mobilisés. Il leur faudra beaucoup de détermination pour retrouver leurs effectifs d’avant-guerre. Une autre époque commence alors…

Une scénographie originale.  Sur 100 mètres carrés, le visiteur évolue dans un décor constitué de silhouettes de combattants et de véhicules, se déplace dans une tranchée reconstituée, longe les barbelés d’un camp de prisonnier et rencontre un four portatif autour duquel s’empilent les pains ronds des soldats.

Des objets. Quelques pièces originales sont présentées sous vitrine (cannes et douilles d’obus sculptées) ainsi qu’une remarquable maquette de four roulant, prêtée par le musée du Train et des Equipages militaires de Bourges.

Les concepteurs de l’exposition. Cette exposition a été conçue par le CREBESC (Centre de Recherche et d’Etudes sur la Boulangerie Et ses Compagnonnages) et en particulier par Laurent BOURCIER, dit « Picard la Fidélité », Compagnon Pâtissier Resté Fidèle Au Devoir. Le musée du Compagnonnage s’y est associé lors des relectures de textes et du choix des innombrables photos, puis lors de la présentation de l’exposition à Tours, en concevant sa scénographie.

Une brochure. Une brochure a été éditée spécialement pour l’exposition présentée à Tours. Ses 44 pages reproduisent l’intégralité des panneaux et des kakémonos. Textes et photos constituent une documentation unique sur le pain durant la première guerre mondiale. (3, 50 €)

Une exposition itinérante. Elle a été inaugurée les 31 mai et 1er juin à Exoudun (Deux-Sèvres) en mémoire d’André et Madeleine Daniau, les « petits boulangers » de la commune. En juin également, une sélection des photos d’époque a été présentée dans une boulangerie française de Sarajevo (Bosnie), qui commémorait l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, évènement déclencheur de la Grande Guerre. Après Tours, elle sera présentée aux archives départementales d’Agen, puis en Côte-d’Or, Somme, Finistère, à Paris, et l’an prochain, en version anglaise, en Nouvelle-Zélande.

Le lieu : l’exposition est présentée au musée du Compagnonnage, dans la salle capitulaire (au rez-de-chaussée). Accès : depuis la rue Nationale, par le parvis de l’église St-Julien, ou par le parking Prosper-Mérimée, en suivant l’impasse qui conduit à la cour du musée. La salle capitulaire, aux voûtes du XIIIe siècle, constitue un bel élément subsistant de l’ancienne abbaye Saint-Julien démantelée à la Révolution.

Durée et horaires de l’exposition. Elle est présentée du mardi 1er juillet au dimanche 14 septembre (sauf le 14 juillet), tous les jours, de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h.

Entrée gratuite. Sur place : brochure-catalogue de l’exposition, livres sur le pain et la boulangerie, d’hier et d’aujourd’hui.

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Musée du Compagnonnage
8 rue Nationale - 37000 Tours
Tél. : 02 47 21 62 20 Fax : 02 47 21 68 90
museecompagnonnage@ville-tours.fr

www.museecompagnonnage.fr

Visite du musée :
Tous les jours, de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h.
Fermé les mardis du 16 septembre au 15 juin.
Plein tarif : 5 € 30
Tarif réduit : 3 € 70
Gratuit pour les moins de 12 ans.
La carte de fidélité donne l’accès libre au musée et aux animations durant 1 an. En vente à l’accueil ou par correspondance au prix de 9 €. Les chèques doivent être libellés à l’ordre du Trésor Public.

Vous pouvez également télécharger le programme complet des conférences, expositions et animations organisées par le Musée du Compagnonnage sous la forme du journal gratuit Les nouvelles du Musée du Compagnonnage, N° 7, janvier 2014, en cliquant ICI.

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)