« Tu vois des mots qui valent la peine d'être gardés ?
- Je vois tout un ciel de mots. »
On raconte qu'à Midnight Gulch, autrefois, les gens vivaient heureux. C'était un endroit magique, “pour être chez soi”. La légende dit que deux frères possédaient cette magie, qu'ils partageaient à travers la musique, la danse, le spectacle. Et puis ils se sont fâchés et ont quitté la ville. Depuis, la magie a également déserté les habitants, qui veulent à leur tour s'en aller. C'est aussi la maladie du “cœur errant”. Félicie la connaît bien, puisque sa maman en est atteinte. Depuis toujours, sa sœur et elle traversent les états, sans jamais se poser nulle part. Cette fois, elles ont trouvé refuge chez leur tante Cléo et entendent profiter un maximum de leur séjour à Midnight Gulch. Il y a dans l'air quelque chose qui fait battre le cœur de la fillette un peu plus fort. Elle y voit des mots partout, flotter, danser, chalouper. Ils lui racontent une histoire qu'elle seule peut saisir et rapporter lors d'une compétition organisée par l'école. Mais parler en public n'est pas le point fort de Félicie. Autant elle capte les mots, s'en empare, les recopie dans son cahier et les assemble pour écrire des histoires fabuleuses, autant à l'oral elle avale tout, elle balbutie, se confond, se morfond. Une catastrophe. Et pourtant, encore une fois, les choses vont changer pour elle. Pour la première fois, Félicie a rencontré un véritable ami. Le Bidole ! Encore un secret jalousement gardé, qui fait partie du folklore de cette incroyable petite ville. L'effet est terriblement intriguant, poétique et fascinant. J'ai beaucoup aimé cette histoire, qui fait aussi la part belle à la générosité, au partage, à l'amitié, l'amour, la magie... et au pouvoir des mots. Vraiment, c'est une lecture enchanteresse !
Seuil jeunesse, juin 2014 ♦ traduit par Cécile Nelson