La semaine dernière, je constatais, en reprenant deux fois des nouilles, que la gauche, au plus mal, avait plein de bonnes raisons d’en finir une fois pour toutes et redonner à la France un réel espoir de s’en sortir. Cette semaine, l’ironie du sort et le désir impérieux de symétrie d’un univers décidément chafouin avec les Français nous met face à une nouvelle aussi réjouissante que l’agonie du PS : celle de l’UMP.
Et quelle agonie ! Il aura fallu accumuler un sacré paquet d’affaires sordides, de détournements de fonds, de petits et gros arrangements entre amis de toujours pour arriver à flanquer finalement le parti chiraquien aux orties, mais chaque dirigeant, chaque cador, chaque éléphant peut estimer, en son âme et conscience, que c’est maintenant chose faite et un peu grâce à lui : oui, un avenir funeste pour l’UMP est enfin à portée de la main.
D’autant qu’à l’affaire Bygmalion doit à présent s’ajouter celle, facétieuse, de prêts consentis par le groupe parlementaire UMP au parti en difficultés financières. Autrement dit, pendant que le Sarkothon mobilisait les militants pour payer les factures de la boîte de production, le groupe parlementaire abondait lui aussi au trésor de guerre de l’UMP. Militants ou contribuables, même combat, tout le monde paye. Délicieux.
De fil en aiguille, on découvre donc — goguenard, je ne vous le cache pas — que le parti officiellement à droite est officieusement en faillite au point que quelques éclairs de lucidité illuminent les heures les plus sombres du parti : l’UMP n’est peut-être plus sauvable.
Mieux encore : cette fois-ci, il semble extrêmement complexe pour Nicolas Sarkozy de se sortir de l’imbroglio politico-financier que représentent ces montants transitant de caisses en caisses pour tomber dans les poches des amis de toujours de Copé. L’UMP qui clabote et Sarkozy qui se retrouverait définitivement hors jeux politique, voilà qui constitue un faisceau de nouvelles vraiment réjouissantes. Avec l’agonie du PS, la politique française reprend magnifiquement de l’intérêt !
L’UMP a bien une chance de disparaître, et ce serait tant mieux, d’autant que celui qui le pilote actuellement est Juppé, l’ami de toujours. Pour rappel, lors des grèves de 1995, Juppé était ce premier ministre contorsionniste qui, tout en restant droit dans ses bottes, aura montré à tous les Français qu’on peut très bien retourner sa veste tout en baissant son pantalon. Depuis, le repris de justice qui s’occupe actuellement des Bordelais a décidé de prendre la direction du parti ruiné suite aux petits ennuis politico-financiers de son ami de toujours, Jean-François Copé. On peut donc compter sur Juppé pour hâter la mort d’un parti en piteux état. D’une part, son historique politique et économique ne laisse rien présager de bon. D’autre part, ce véhicule électoral étant maintenant épuisé, Juppé n’y trouvera aucun intérêt pour ses ambitions personnelles aussi ridicules que démesurées.
Oui, décidément, il faut que l’UMP meure, et vite.
Au-delà de ce nécessaire renouvellement, l’UMP doit mourir parce que ses dirigeants sont de parfaits imbéciles. Dans leurs rangs, on parle tout de même de pointures comme NKM (relisez son programme, rappelez-vous ses interventions quand elle avait, jadis, une parcelle de pouvoir), Morano, Lefebvre. Sans même aller chercher dans un passé déjà politiquement lointain et poussiéreux, il n’est qu’à lire, hébété, les dernières propositions de Copé sur la transparence en politique pour comprendre qu’au-delà d’un culot en uranium appauvri qu’on ne peut expliquer que par une opacité mentale complète, le sens du timing et de l’à-propos de ces gens mérite amplement qu’on les méprise, qu’on les moque, qu’on les montre du doigt en leur jetant des tomates, des cacahuètes et des crottes de nez.
L’UMP doit mourir parce que cette droite, au même titre que cette gauche, n’est plus qu’une tumeur gavée de subventions étatiques par le financement des partis, les magouilles et les arrangements pléthoriques et qu’à ce titre, n’a plus aucun lien avec le réel tangible, celui où les entreprises ne comptent pas en dizaine de millions d’euros, et où les décisions calamiteuses entraînent des conséquences pénibles et durables pour ceux qui les ont prises au contraire des branquignoles politiciens professionnels.
L’UMP doit mourir parce que cette droite n’a plus aucune colonne vertébrale. Elle avait bien un petit balai dans le cul lorsque Sarkozy était encore aux commandes, entre deux petits fours élyséens, mais celui-ci, parti depuis deux ans et maintenant embourbé jusqu’au menton dans ses propres affaires financières, aura bien du mal à faire croire qu’il y a encore quelque chose à diriger si jamais il revient.
L’UMP doit mourir parce que cette droite n’arrive plus à se distinguer de cette gauche, ni par son discours, ni par sa pratique du pouvoir.
Comment oublier la pléthore d’affaires sulfureuses que traîne ce parti qui ne fut, finalement, jamais à droite ? Comment oublier les députés européens qui ne font rien, ne servent à rien ? Comment oublier les primaires consternantes et les déchirements internes qui en disent long sur tous ces amis de toujours ? Comment croire qu’ils peuvent aider la France alors qu’ils n’arrivent pas à s’aider entre eux ?
Tout comme le PS, l’UMP doit mourir, parce qu’il faudra bien en finir définitivement avec toute cette clique d’irresponsables qui ont mis le pays à sac, qui ont cadenassé toutes les énergies dans une immense soirée mousse & champagne où 65 millions de personnes payent et regardent pendant qu’une petite poignée s’enivre en gigotant l’arrière-train sur la musique rythmée des crises passées et à venir.
Et pour qu’enfin puisse jaillir une alternative cohérente, l’UMP doit mourir. Vite.
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