On le connaît discret et mystérieux. Il ne parle pas. Il ne regarde pas les gens quand il chante. D’ailleurs, il ne chante pas beaucoup en public. Il ne veut pas être mainstream. Etre trop connu, ça l’intéresse pas des masses. Keaton Henson est dans sa bulle. La musique, c’est entre lui et lui que ça se passe. Et c’est tout. Avec ses deux premiers albums, l’Anglais nous avait ouvert un peu de son cœur. Il nous avait laissé entrevoir un univers hyper tourmenté. Le songwriter parle de ses tourments, d’amour, de mort. Son folk est délicat, touchant, charmant. On se laissait porter par sa voix cristalline et écorchée. Puis, il a disparu après quelques concerts aussi beaux qu’étranges.
Un jour, sans l’annoncer nulle part, l’Anglais sort un nouvel album. On ne s’en étonne pas. On l’a déjà dit, l’homme est discret et mystérieux. Mais on est surpris par la forme que prend cet album. Keaton ne prend même plus la peine de parler, ni de chanter. Romantic Works est instrumental. Un album est issu d’une collaboration avec le violoncelliste Red Ford. et c’est dans la chambre de Keaton, à Londres qu’a été enregistré, mixé et arrangé ce troisième album contemplatif. Cette fois donc, pas de paroles. La tristesse et la mélancolie chronique de celui qu’on appelle le Jeff Buckley anglais s’expriment uniquement au travers d’un violoncelle et d’un piano. Rien de plus. Keaton s’est inspiré de ses peurs pour composer cet album. Ça s’ouvre d’ailleurs sur "Elevator Song", une pièce inspirée par une crise d’angoisse d’avant-show dont il a été victime dans un ascenseur. Romantic Works est composée instinctivement. C’est très beau, très triste (évidemment) et à écouter uniquement si vous êtes émotionnellement stable.