Le Royaume Uni est un territoire des plus ingrats. Il érige au rang de superstar des petits prépubères en bande de cinq, et laisse dans la pénombre la plus totale des groupes qui valent, au minimum, un voire deux coups d’oreille.
La pop d’Erland & The Carnival est tout sauf lisse et insipide. Même si, au premier abord, elle le paraît (ou pas). Les contrastes s’enchaînent. Elle sait se faire cinématographique, par moments (Emmeline), mais aussi fine et éclatante (comme cette ballade East & West). Toute en nuances. Sur Nightingale, leur deuxième album, l’ambiance est assez étonnante, à mi-chemin entre celle d’un vieux Halloween (première partie de l’album) et du revival pop-rock anglais des années 2000 (seconde partie). Pour ce qui est des influences, on pourrait les décrire comme un peu de folk, un soupçon de musique traditionnelle et des flashs de sons synthétisés.
Sur le papier, tout ça a l’air franchement compliqué. Pourtant, une simplicité se dégage à l’écoute. Les mélodies sont lisibles, délicates, les tempos souvent rapides et les rythmiques plutôt simples. Tous les ingrédients sont réunis pour aller droit à l’efficacité, mais sans les mauvais côtés. Chaque composition comporte son lot de trouvailles.
Forcément, ces chansons rappellent leurs aînés de Franz Ferdinand. Mais des Franz Ferdinand qui auraient perdu leur côté bidouille électro (franchement de trop ces derniers temps), et qui iraient droit à l’essentiel sans avoir l’air d’y toucher. Un peu à l’image de la voix fluette et pas vraiment agile de Gawain Erland Cooper, emplie d’un flegme et d’une classe so british. Et même quand ils tombent dans la facilité (Springtime), c’est fait avec tellement de classe qu’on le leur pardonne.
Je les avais quittés sur une note mitigée en 2010, avec leur premier album éponyme. De franches réussites (Love is a killing thing, Trouble In Mind), mais un album assez inégal au final. Mais ce Nightingale a fini de me convaincre que ce pays passe à côté de l’un de ses meilleurs compositeurs. On les retrouvera donc avec grande impatience le 25 Août, pour la sortie de leur troisième opus, Closing Time.