je suis l’homme assis au bord de la route
c’est l’heure où il convient d’écrire à ses amis
d’écrire en retenant les mots
en scalpant les voix
en jetant ceux qui se bornent à regarder
à la tête de ceux qui se bornent à comprendre
et cela fait un grand cerne mauve
dont on ne se remet pas
je suis celui qui s’est assis au bord de la route
et qui tient ses ennemis à la merci de sa fatigue
et pour qui tout est encore à creuser
que la vie ait fait long feu ou tourné court
peu importe
peu importe à l’homme qui se venge
du peu d’importance de l’homme
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Georges Henein (Caire, Egypte 1914-1973)