Dans une lettre adressée à l’eurodéputée Sylvie Guillaume, l’organisation patronale fait connaître ses exigences, invitant les élus à aller siéger dans des commissions précises tout en mobilisant tous leurs « leviers d’influence ».
Pierre Gattaz, président du Medef © AntimuseumLe style est direct, le ton prescriptif et le but avoué. Dans un courrier adressé, jeudi 5 juin, à l’eurodéputée socialiste Sylvie Guillaume, que Contexte publie, l’organisation patronale prend les devants en guidant le choix des élus, lancés dans la compétition du mercato parlementaire à Bruxelles.« Il est essentiel que les eurodéputés français puissent siéger dans les commissions les plus influentes », écrit le président du Medef Pierre Gattaz, qui décline les instances reines à ses yeux.Les élus ciblés par le MEDEF (tous sauf ceux d’Europe Ecologie les Vert et du Front de gauche !) sont invités à aller siéger dans des commissions précises tout en mobilisant tous leurs « leviers d’influence ». Sans complexe, l’organisation patronale dicte clairement ses ordres aux députés européens, à qui elle s’adresse comme à ses employés pour défendre ses intérêts Les élus sont ainsi infantilisés par le MEDEF qui, pour mieux les instrumentaliser leur explique dans quelles commissions siéger et quels sont les enjeux en terme d’influence des postes visés. « Il est essentiel que les eurodéputés français puissent siéger dans les commissions les plus influentes », écrit le président du Medef Pierre Gattaz . Les commissions Itre (industrie, recherche, énergie), Envi (environnement), Juri (Affaires juridiques), Econ (Affaires économiques), Imco (Marché intérieur), Empl (Emploi) et Inta (Commerce international). La destinataire de la lettre a, de son côté, prévu d’aller siéger au sein de la commission des Libertés civiles et affaires intérieures, qui traite de l’espace Schengen, entre autres sujets.Les élus sont par ailleurs appelés à faire le « meilleur usage possible des leviers d’influence ». Le Medef prend soin d’indiquer ses dossiers prioritaires sur 18 pages d’annexe que nous publions intégralement. Sont cités la taxe sur les transactions financières, à laquelle le Medef est « fortement opposé », le règlement sur les données personnelles, la directive sur le secret des affaires ou encore le système européen de quotas de CO2.L’organisation patronale cible aussi les postes occupés au sein des commissions. Contrairement aux eurodéputés allemands et britanniques, les élus français ont tendance à bouder le statut de « coordinateur ».Peu connue, cette fonction permet d’orienter les votes tout en gérant la répartition des tâches entre les députés : c’est le coordinateur qui détermine les rapports dont un élu peut avoir la charge.Une responsabilité qui nécessite beaucoup de temps de présence, du goût pour le travail technique et la maîtrise de l’anglais. Entre 2009 et 2014, l’eurodéputé UMP Jean-Paul Gauzès faisait partie de l’équipe des « coordinateurs ». Sa troisième position sur la liste Nord-Ouest l’a privé de réélection.
Le Medef prend soin d’indiquer ses dossiers prioritaires sur 18 pages d’annexes (voir document joint) - Document à télécharger: annexe-medef.pdf