La prise d’antidépresseurs durant la grossesse reste très discutée, en raison d’effets indésirables possibles sur l’enfant, et elle devrait être évitée autant que possible et en l’absence d’un besoin clinique évident. Mais il ne s’agit pas en effet d’ignorer l’effet néfaste de la dépression elle-même sur la santé de la mère et du nourrisson. Cette nouvelle étude de l’université Mc Master révèle un nouvel effet sur l’enfant des antidépresseurs durant la grossesse, soit le risque d’obésité infantile et de diabète. Ses conclusions, présentées au 18ème Congrès international d’Endocrinologie (ICE-ENDO 2014) conclut que l’utilisation chez la mère maternelle des Inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS/Prozac) entraîne une augmentation de l’accumulation de graisse et de l’inflammation chez l’enfant.
Une première étude avait conclu à l’absence d’impact sur la croissance de l’enfant, une seconde étude à l’absence de risque accru de décès pour l’enfant. Une troisième, publiée dans la revue PLoS ONE suggérait une augmentation du taux de naissances prématurées. Cette étude suggère que les femmes qui prennent des antidépresseurs pendant la grossesse peuvent ainsi, sans le savoir, affecter leurs enfants d’une prédisposition au diabète de type 2 et à l’obésité plus tard dans la vie.
L’étude montre, précisément, la corrélation entre l’utilisation de la fluoxétine, un antidépresseur courant de la famille des ISRS et un risque accru de diabète et d’obésité chez l’enfant. Un risque à prendre n compte, alors que 7 à 20% des femmes, selon les pays –et les auteurs-, prennent un antidépresseur pendant la grossesse. Cela s’explique par une vulnérabilité particulière à la dépression et une prévalence estimée à 20% de symptômes de la dépression chez les femmes enceintes.
Enfin, on connait déjà, chez l’adulte en général, l’association entre la prise d’antidépresseurs et le risque d’obésité.
L’étude, menée sur l’animal, démontre pour la première fois que la consommation maternelle d’ISRS, aboutit à l’accumulation de graisse accrue et à l’inflammation dans le foie de la descendance, une fois adulte.
Antidépresseurs pour la mère, troubles métaboliques pour l’enfant : Ces nouvelles données soulèvent le risque de complications métaboliques chez les enfants nés de femmes qui ont pris des antidépresseurs pendant la grossesse. Selon le Dr Alison Holloway, professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’Université McMaster et auteur principal de l’étude, l’utilisation maternelle des antidépresseurs vient contribuer à l’épidémie d’obésité et de diabète au même titre que les facteurs de mode de vie comme une alimentation trop riche ou une activité physique réduite.
Il s’agit, une nouvelle fois, d’être conscient du risque et de surveiller ce groupe d’enfants qui peut avoir besoin, plus que les autres, d’interventions spécifiques pour prévenir l’obésité et le diabète de type 2 plus tard dans la vie.
Pouvoir traiter les mères sans risque pour les enfants : Les voies biologiques sous-jacentes à ces effets restent à comprendre, concluent les auteurs, pour développer des stratégies thérapeutiques permettant aux femmes qui ont besoin de ces médicaments d’être traitées mais sans risque pour l’enfant.
Source: ICE-ENDO 2014 Antidepressant use during pregnancy may lead to childhood obesity and diabetes (Visuel Fotolia)
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