Dès l’instant où les gouvernements successifs ont décidé du gel progressif des taux de cotisation sociale, entre 1979 et le milieu des années 90, les régressions sont allées bon train pour les salariés : droits d’accès à la sécurité sociale durcis et réduits, niveau des prestations affaiblis, durée de versement limitée.
par Christine Jakse/
Dès l’instant où les gouvernements successifs ont décidé du gel progressif des taux de cotisation sociale, entre 1979 et le milieu des années 90, les régressions sont allées bon train pour les salariés : droits d’accès à la sécurité sociale durcis et réduits, niveau des prestations affaiblis, durée de versement limitée. Ces décisions ont été prises par la droite et la gauche dominante au nom de l’emploi, de la dette et de la compétitivité, en brandissant systématiquement l’argument de l’équité. C’est ainsi le chantage à l’emploi qui a justifié les exonérations de cotisation sociale, sans effet probant. C’est la dette qui a justifié l’avancement d’une année de la réforme des retraites en 2012 ou encore la journée de carence pour les fonctionnaires. C’est la compétitivité du Rapport Gallois qui justifie la baisse de 20 milliards sur trois ans des cotisations sociales pour les salaires compris entre une fois et 2,5 fois le Smic. Entre temps, les dividendes se sont multipliés par trois. Et l’équité permet depuis 30 ans de moraliser les décisions de recul des droits individuels, par exemple celles d’allongement de la durée de cotisation requise pour la retraite à taux plein ou d’indemnisation du chômeur : en résumé, « j’ai droit en proportion de ce que je cotise ». Pourtant, nul n’ait besoin de « cotiser » pour avoir droit, comme le prouvent les ayants‑droit du régime de santé ou les conjoints survivants pour la pension de réversion. Et personne ne met de côté sa cotisation pour sa retraite, son licenciement, sa maladie : le système étant en répartition, la cotisation collectée est immédiatement transformée en prestations. Il suffit d’un volume de cotisation suffisant pour couvrir les besoins.
Dès l’instant où les gouvernements successifs ont décidé du gel progressif des taux de cotisation sociale, entre 1979 et le milieu des années 90, les régressions sont allées bon train pour les salariés : droits d’accès à la sécurité sociale durcis et réduits, niveau des prestations affaiblis, durée de versement limitée.